Une résidente de La Pocatière aurait pu être victime d’une fraude animalière si elle n’avait pas eu la présence d’esprit de mettre un terme à ce qui lui semblait être une transaction louche. Elle a décidé de partager son expérience au Placoteux afin de sensibiliser la population à ce type de fraude, de plus en plus répandue au Québec.
Estelle Gagnon et son conjoint Mario Lizotte ont emménagé à La Pocatière l’automne dernier pour y vivre pleinement leur retraite. À la suite du décès de sa mère auprès de qui elle a agi comme aidante naturelle pendant plusieurs années, le souhait d’Estelle était d’adopter un animal de compagnie à qui elle pourrait dédier la même attention.
Peu familière avec les médias sociaux, ce n’est que tout récemment qu’elle s’est inscrite à Facebook et qu’elle s’est mise à fréquenter l’espace marketplace. Il y a plus d’une semaine, elle a remarqué cette annonce de chiots Cavalier King Charles à donner.
« Je sais que des chiots à donner, c’est plutôt rare, encore plus depuis la COVID, mais je me suis dit : “Pourquoi pas ? On ne sait jamais !” »
Estelle est entrée en contact avec l’auteure de l’annonce, prénommée Stéphanie, pleine d’espoir, mais pas sans prudence. Elle s’est dit que si elle devait fournir ses renseignements personnels ou même débourser de l’argent avant même d’avoir l’animal en sa possession, elle mettrait un terme à la transaction.
« La dame disait habiter Sainte-Louise, mais être à Toronto chez son conjoint avec les chiots, pour y accoucher. Entre-temps, son conjoint aurait commencé à développer une allergie aux chiots, ce pour quoi elle devait maintenant s’en départir », résume-t-elle.
Déjà, l’histoire semblait invraisemblable et Estelle soupçonnait l’arnaque. Elle s’est tout de même entendue avec la dame pour qu’elle envoie le chiot par transport animalier. Elle était prête à payer les frais de transport, mais sur réception de l’animal.
« La dame m’a envoyé le bordereau d’envoi par courriel. Le nom de l’expéditrice n’était pas le même et l’adresse ne coïncidait pas non plus. Il était inscrit que le point d’envoi était Baie-Comeau, alors que la dame disait être à Toronto chez son conjoint. Ç’a m’a confirmé que c’était une arnaque et je me suis retirée de la transaction. »
Fraude récurrente
Estelle a depuis avisé la Sûreté du Québec (SQ). Quelques recherches sur le web lui ont permis de vérifier qu’il s’agissait bel et bien d’une fraude, dont certains cas remontent aussi loin qu’à 2015 au Québec, mais avec une accentuation du nombre de cas depuis le début de la pandémie.
« Le stratagème est pas mal toujours le même. Une fois que la personne a payé les frais d’envoi, le fraudeur revient à la charge pour demander encore de l’argent, soit parce qu’il y a des frais de douanes qui se sont ajoutés ou parce qu’ils doivent soudainement donner d’urgence un vaccin à l’animal. »
Le Sgt Louis-Philippe Bibeau du service des communications de la SQ confirme. Des cas comme celui d’Estelle Gagnon se multiplient depuis plusieurs semaines au Québec. Il en parle comme du « phénomène du moment » ou de la « nouvelle saveur du mois » des fraudeurs, en raison de la forte demande pour les animaux de compagnie depuis le début de la pandémie.
« Les fraudeurs sont des personnes très l’affût des besoins du moment et ils se renouvellent constamment dans leurs arnaques. Les gens doivent toujours se méfier des situations où on cherche à avoir accès à leurs renseignements personnels et où il y a des demandes récurrentes d’argent », rappelle-t-il.
Dans tous les cas, les personnes victimes de fraude sont invitées à joindre leur poste de police local et à contacter le Centre antifraude du Canada.