Les paramédics de La Pocatière joignent leur voix à ceux de Saint-Jean-Port-Joli pour signifier leur impatience quant au règlement par le gouvernement provincial de l’enjeu des horaires de faction qui touche ici les 14 ambulanciers employés d’Ambulance Chouinard. Le propriétaire de l’entreprise et le président du syndicat réclament rien de moins que leur abolition pure et simple.
Il ne s’agit pas d’un, mais bien des deux mobiles ambulanciers qui fonctionnent toujours selon un horaire de faction à La Pocatière. Rappelons que ceux-ci obligent les paramédics à vivre dans un rayon de cinq minutes en voiture de la caserne ambulancière à laquelle ils sont assignés, afin d’être disponible en tout temps sur appel, sept jours sur 14 (7/14), et cela, 24h/24. Une situation inconcevable en 2020 pour Tommy Chouinard, propriétaire de l’entreprise Ambulance Chouinard.
« Aucun de nos paramédics n’est sur un horaire à l’heure ici. Est-ce normal dans une ville comme La Pocatière qui possède un centre hospitalier de niveau 1 avec présence d’un chirurgien et d’un anesthésiste », questionne-t-il?
Selon les informations qu’il a tirées d’un document ministériel datant du 15 juin 2018, seulement trois autres villes se trouvent dans la même situation que La Pocatière avec deux véhicules ambulanciers fonctionnant selon un horaire de faction, malgré la présence d’un centre hospitalier de niveau 1 sur son territoire. Il s’agit de Chibougamau, Lac-Mégantic et Amos. Pour Tommy Chouinard, son cheval de bataille, il est là.
« On n’ira pas se battre sur la question de la charge de travail, car ce qu’on constate jusqu’à maintenant, c’est que même lorsqu’elle est atteinte pour convertir le mobile à l’heure, le gouvernement ne respecte pas ses engagements », poursuit-il.
Sécurité
Pour le président de la Fraternité des paramédics de La Pocatière, Réjean St-Pierre, l’employeur a tout à fait raison de soulever ce point, car la présence d’un centre hospitalier sur leur territoire occasionne beaucoup de transferts de patients vers Lévis, Québec ou même Rimouski. Ceux-ci se chiffreraient à 350 par année, en moyenne, laissant chaque fois qu’un seul véhicule ambulancier disponible à intervenir sur le territoire desservi par les paramédics de La Pocatière. Au besoin, les services ambulanciers de Saint-Pascal et Saint-Jean-Port-Joli peuvent être appelés à prêter main-forte, mais rappelons que ces casernes doivent également conjuguer avec des horaires de faction.
« On parle de la sécurité des gens ici, car un horaire de faction signifie toujours un délai de réponse de huit à 10 minutes supplémentaires de la part des paramédics. Ajoutez la distance à ça et on parle de précieuses minutes qui peuvent faire la différence dans la vie d’un patient », explique-t-il.
Éric Blanchet, paramédic depuis 23 ans, ajoute : « Même si on habite proche de la caserne, ça demeure que ce n’est pas optimal. Moi j’ai quatre passages pour piétons, une zone scolaire et quatre arrêts obligatoires à franchir avant d’arriver à la caserne et être prêt à partir intervenir. Entre vous et moi, ce n’est pas optimal. »
Recrutement
Comme partout ailleurs, Tommy Chouinard estime également que le maintien des horaires de faction nuit de plus en plus au recrutement de paramédics. À la recherche d’une meilleure qualité de vie, ceux-ci cherchent davantage à travailler pour des entreprises disposant de mobiles à l’heure plutôt que celles fonctionnant toujours avec des horaires de faction.
« Une cohorte de finissants va terminer son cours à Rivière-du-Loup, bientôt. Je ne vois même pas l’intérêt d’aller faire du recrutement avec juste des horaires de faction à proposer », conclut-il.