Déjà 11 églises ou chapelles ont été cédées et converties pour d’autres usages que le culte religieux depuis 2012 sur le territoire du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Dans Kamouraska—L’Islet seulement, au moins six autres communautés sont actuellement en réflexion quant à l’avenir de leurs églises. Alors que dans certains villages les projets de transfert et de conversion se butent à la dure réalité des coûts astronomiques qu’ils représentent, d’autres rêvent toujours de sauver ces bâtiments avec des projets aussi ambitieux que mobilisateurs. Portrait de la situation en quatre temps.
Homme de chiffres, l’économe diocésain Yvan Thériault parle avec beaucoup de lucidité lorsqu’il s’agit de l’épineux dossier de l’avenir des églises sur le territoire du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
« Depuis 2012, la capitation a baissé de 300 000 $ dans tout le diocèse et les quêtes de 100 000 $ », déclare-t-il.
Une réalité financière qui explique bien pourquoi les réflexions s’accélèrent aujourd’hui dans tout le diocèse face à l’avenir des églises de certaines communautés. À cet effet, Yvan Thériault rappelle qu’au moins six municipalités de Kamouraska—L’Islet sont actuellement en réflexion afin de sauver leur église : Saint-Marcel, Sainte-Perpétue, Mont-Carmel, Saint-Joseph-de-Kamouraska, Saint-Gabriel-Lalemant et Saint-Cyrille-de-Lessard, dont la vente de l’école-chapelle du Bras-d’Apic, classé immeuble patrimonial depuis 1982, doit être finalisée sous peu.
Il s’agit là d’un gros contraste avec la période 2000 à 2010 où un seul bâtiment a été fermé sur tout le territoire de l’Évêché. Depuis 2012, déjà 11 églises ou chapelles ont été acquises par des promoteurs privés, des OBNL ou même des municipalités pour les convertir à d’autres usages sur tout ce même territoire.
C’est ce qui fait dire à Yvan Thériault que les communautés qui ont déjà débuté leurs réflexions sont celles qui ont le plus de chances de voir leurs projets se concrétiser, et cela, même si l’expérience actuellement vécue du côté de Saint-Germain-de-Kamouraska montre qu’un projet de conversion, aussi avancé soit-il, n’est pas à l’abri d’une interruption soudaine. « Et on ne peut pas toutes (les églises) les convertir en bibliothèque ou en salle communautaire. Il y a plusieurs municipalités qui en ont déjà », poursuit-il, conscient que l’éventail de possible demeure relativement limité.
Facilitateur
Dans ce contexte, le diocèse de Sainte-Anne essaie d’agir comme facilitateur avec les communautés désireuses de sauver leurs bâtiments religieux. Dès janvier, il prévoit mettre sur pied une forme de comité d’accompagnement qui doit voir aux intérêts des fabriques lors du processus de transfert de propriété, mais qui doit aussi s’assurer de la pérennité de ces dernières afin qu’elles puissent continuer d’animer la vie pastorale de leurs communautés une fois le bâtiment sous sa responsabilité cédé.
De plus, grâce au don réalisé par une communauté religieuse, le Diocèse a été en mesure de mettre en place un programme d’aides financières en deux volets ces dernières années. Le premier s’adresse spécifiquement aux fabriques et consiste à établir le carnet de santé du bâtiment, son état général, les réparations qui doivent y être effectuées et couvre jusqu’à 50 % des honoraires des architectes et des ingénieurs jusqu’à un maximum de 3000 $. Le second vient appuyer financièrement d’éventuelles études de faisabilité liées à des projets de conversion des chapelles ou des églises, aussi jusqu’à concurrence de 3000 $. « 60 000 $ ont été versés pour l’un ou l’autre des volets de ce programme depuis sa mise en place », précise Yvan Thériault.
Malgré toute la bonne volonté de l’Évêché, l’économe diocésain croit que les municipalités devront peut-être réfléchir davantage au rôle qu’elles peuvent jouer dans la sauvegarde de leur patrimoine religieux. « Dans certaines municipalités, on voit des projets de construction de nouveaux bâtiments communautaires, alors qu’on ne sait plus quoi faire de l’église. Il y a un non-sens là. Il va falloir réfléchir autrement si on veut en sauver davantage des églises. Autrement, il y aura des deuils à faire », conclut-il.