Alors que le Canada est aux prises avec une crise politique interne et des menaces tarifaires et d’annexion de la part des États-Unis de Donald Trump, le député conservateur de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup Bernard Généreux exige, à l’instar de son chef, la réouverture du Parlement canadien, afin que les députés puissent débattre des enjeux de l’heure.
Rappelons que Justin Trudeau a suspendu les travaux du Parlement jusqu’au 24 mars, après avoir annoncé le 6 janvier dernier qu’il quitterait ses fonctions une fois que son parti lui aurait trouvé un successeur. Le premier ministre a également écarté l’idée de rappeler le Parlement, affirmant que le gouvernement avait pour le moment « tous les outils » pour riposter à l’attaque tarifaire de l’administration Trump. « Non seulement c’est inacceptable de laisser fermer le Parlement, mais c’est également antidémocratique, surtout venant d’un chef qui a déjà annoncé sa démission », explique Bernard Généreux au Placoteux.
Même si l’application des menaces tarifaires du président Trump envers le Canada a été repoussée d’un mois, le député estime que leurs impacts potentiels doivent être débattus à la Chambre des communes.
« J’ai rencontré quelques entreprises du secteur, et les inquiétudes sont grandes. Si les tarifs deviennent une réalité, il y aura plusieurs pertes d’emplois dans la région. Nous devons rapidement travailler sur un plan d’aide, et pour cela, nous devons être en mesure d’en débattre au Parlement », ajoute-t-il.
Dans une récente déclaration écrite, le chef du NPD Jagmeet Singh a également exigé le rappel du Parlement. « Le Canada n’a pas à laisser les tarifs douaniers de Trump nuire aux travailleurs canadiens ordinaires. Il est urgent que le Parlement soit prêt à apporter une aide financière aux travailleurs touchés, et que nous protégions autant d’emplois que possible en veillant à ce que les contrats et les emplois soient attribués à des travailleurs canadiens. »
Un risque pour les libéraux
Si le Canada devait être soumis à des tarifs douaniers, le gouvernement ne pourrait pas instaurer des mesures impliquant de nouvelles dépenses, puisque celles-ci devraient obligatoirement obtenir l’aval des législateurs alors que le Parlement est prorogé.
Or, abréger la prorogation entraînerait l’ouverture d’une nouvelle session parlementaire, nécessitant un discours du Trône lu par la gouverneure générale. Même si ce discours pourrait être bref, et à la discrétion du premier ministre en raison de la situation, il est traditionnellement suivi d’un vote de confiance, où l’opposition pourrait faire tomber le gouvernement, et ce, au moment où le Parti libéral est en pleine course au leadership, donc en position de faiblesse.
Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet, contrairement à ses homologues de l’opposition, estime que le rappel du Parlement ne constituerait qu’une nouvelle « astuce » pour prolonger la vie du gouvernement libéral. Selon lui, des élections rapides permettraient d’avoir un nouveau Parlement qui pourrait négocier de façon durable avec les États-Unis, alors que les libéraux n’ont plus la crédibilité nécessaire auprès des États-Uniens pour mener à bien de telles négociations.