Du Café Saint-Louis au chemin de Compostelle

Connu pour avoir été propriétaire du Café Saint-Louis à La Pocatière, Denis Dubé passe désormais la majeure partie de son temps en France, où il y opère un gîte du passant pour les marcheurs du chemin de Compostelle. Une voie différente pour cet ex-tenancier de bar, mais pas nécessairement à 180° de ce qu’il faisait auparavant.

Barman durant 43 ans, Denis Dubé avait 17 ans lorsqu’il a commencé dans le métier. « Ce n’était pas vraiment surveillé, à l’époque », se souvient-il. Sur ces 43 années, il a été propriétaire du Café Saint-Louis durant 33 ans, jusqu’à ce qu’il vende l’établissement à son fils Albert, en 2015.

Quand l’heure de la retraite a sonné, il n’avait pas nécessairement planifié de devenir aubergiste sur le chemin de Compostelle. Pourtant, la vie de pèlerin ne lui était pas étrangère. « J’ai fait sept pèlerinages sur les chemins de Compostelle. J’ai même rencontré ma conjointe Chantal Jourdan lors de mon “deuxième chemin” », a-t-il déclaré. D’ailleurs, c’est elle qui a eu l’idée du gîte, précise-t-il.

D’origine française, Chantal voulait s’installer sur le chemin de Vézelay. Denis Dubé avoue ne pas s’être laissé prier. « On avait le goût de redonner ce qu’on a reçu de nos hôtes lors de nos pèlerinages », d’ajouter Denis.

« Les gens viennent de partout dans le monde. On a déjà accueilli des marcheurs allemands et russes qui étaient partis de leur pays à pied en direction de Saint-Jacques-de-Compostelle (Santiago) en Espagne. Seulement de chez nous jusqu’à la fin du chemin, c’est 1800 km. » – Denis Dubé.

En décembre 2016, ils faisaient l’achat de la résidence qui allait devenir le gîte Un pas à la fois, dans la bourgade de Prémery, non loin de Nevers en Bourgogne. Ils ont commencé à l’opérer en 2017. En deux étés, 250 marcheurs s’y sont arrêtés. « Les gens viennent de partout dans le monde. On a déjà accueilli des marcheurs allemands et russes qui étaient partis de leur pays à pied en direction de Saint-Jacques-de-Compostelle (Santiago) en Espagne. Seulement de chez nous jusqu’à la fin du chemin, c’est 1800 km », de s’exclamer Denis Dubé.

Virage à 180°?

Si Denis Dubé avoue que peu de gens qui l’ont connu dans la région savent qu’il opère aujourd’hui un gîte du passant sur un des chemins de Compostelle, il ne semble pas trouver sa reconversion professionnelle si surprenante. « D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours été avec le monde », déclare-t-il.

Au lieu d’être derrière son bar à écouter les histoires des gens, ou même à les conseiller dans certains cas, il s’occupe aujourd’hui de marcheurs qui ont franchi des dizaines de kilomètres en une journée en leur proposant gîte et couvert. « Parfois, on partage les repas avec eux et ça nous permet de savoir pourquoi ils ont décidé de faire le chemin », explique-t-il.

Parce que s’il sait une chose, par expérience, c’est que tous marcheurs qui se lancent sur les chemins de Compostelle le font pour quelque chose. Même ceux qui disent le faire pour l’expérience sportive. « Après sept ou dix jours de marche, comme ton corps et ta tête ont fini par s’adapter, c’est inévitable, tu te mets à réfléchir à plein de choses, pour d’autres, c’est la spiritualité qui finit par prendre le dessus. C’est ce qui fait que lorsque t’arrives à Saint-Jacques-de-Compostelle, t’es plus marcheur, mais pèlerin. Il y a vraiment quelque chose de magique à marcher », de déclarer Denis. D’autant plus que la recette pour y parvenir est assez simple, selon lui : « T’as juste à faire un pas à la fois. Rien de plus », concluait-il.