Camping du lac de l’Est : Mont-Carmel demeure inflexible

Certains demandaient à la Municipalité d’opérer un été de plus avant la fermeture. D’autres ont simplement demandé de repousser en juillet ou en août la date limite pour retirer ou vendre leurs roulottes et démanteler leurs installations. Dans les deux cas, la Municipalité de Mont-Carmel, propriétaire des installations du Camping du lac de l’Est, est demeurée inflexible : tout doit sortir pour le 23 juin prochain.

Ils étaient au moins une quarantaine dans la salle du conseil et une soixantaine réunie dans le stationnement du Centre municipal. Après la séance ordinaire à l’agenda de ce 3 mai, le maire Pierre Saillant a réservé une trentaine de minutes consacrées exclusivement à la fermeture du Camping du lac de l’Est annoncée de façon précipitée il y a de ça deux semaines.

La conseillère municipale et mairesse suppléante Cindy Saint-Jean a d’abord fait la lecture d’une lettre à l’assemblée, dans laquelle « le sensationnalisme et les titres polarisants » ont été pointés du doigt d’entrée de jeu comme prédisposant « à l’opposition en stimulant l’émotion brute ». La Municipalité a ensuite tenu à s’excuser auprès des saisonniers qui ont reçu la lettre annonçant la fermeture du Camping, après la sortie de la nouvelle dans les médias, justifiant sa décision essentiellement pour des raisons environnementales.

Elle a aussi reconnu au passage l’apport de la Corporation de développement de Mont-Carmel qui faisait la gestion du Camping jusqu’au 20 mars dernier, notamment par la réalisation de différentes études lui permettant aujourd’hui d’aller de l’avant dans la réhabilitation du site. Rappelons que le 11 avril dernier, alors que le conseil municipal décidait en séance extraordinaire de fermer le Camping pour le 23 juin, une série de considérants pointaient principalement vers un manque de diligence de la part de la Corporation dans le transfert de gestion à la Municipalité, plutôt que des prérogatives environnementales devenues criantes.

« La Municipalité doit freiner les risques environnementaux en libérant les lieux de ses occupants saisonniers et y réduire au minimum l’utilisation du réseau d’égout », insiste-t-elle maintenant, ajoutant que cette décision est « basée sur des faits et documentée par des expertises et des études ».

Inflexible

Malgré ces explications, les saisonniers présents ont tout de même tenu à exprimer leur incompréhension. Plusieurs ont questionné le conseil municipal et la directrice générale Maryse Lizotte sur l’urgence de quitter, alors qu’aucun chantier proprement dit n’est prévu sur le site cet été outre des études de sol et de l’arpentage. « On parle de baguette et de GPS, est-ce vraiment nécessairement qu’on parte cet été », a demandé un saisonnier ? « Le système (d’égout) est saturé », a rétorqué la directrice générale.

Néanmoins, la Municipalité se garde la liberté d’ouvrir la plage au public, elle qui a officialisé en séance ordinaire l’embauche des employés. Le bloc sanitaire habituellement utilisé par les baigneurs ne serait cependant pas fonctionnel. « On réfléchit à des toilettes chimiques pour ne pas engorger les égouts », a répondu le maire Pierre Saillant.

Quant au casse-croûte, celui-ci pourrait aussi ouvrir, la concession ayant été accordée également en séance ordinaire, selon certaines conditions. Des dommages occasionnés au bâtiment par les intempéries ne permettraient pas pour le moment de garantir sa réouverture pour l’été.

Un saisonnier retraité a ensuite soulevé le court délai accordé aux propriétaires de roulottes pour quitter les lieux et démanteler leurs installations. Le Camping étant encore enneigé par endroit et le terrain sûrement impraticable, il estimait irraisonnable la date maximale du 23 juin, surtout pour les saisonniers travailleurs, sous peine de devoir payer une « amende » de 250 $ et de voir leurs biens terminer au dépotoir. Appuyé par les saisonniers présents, il est revenu à la charge plus d’une fois afin de demander au conseil municipal de repousser la date butoir, ce qui ne lui a pas été accordé.

Il a toutefois été permis aux saisonniers habitants à plusieurs heures de route du Camping de dormir dans leurs roulottes durant les fins de semaine où ils démantèleront leurs installations, ce qui, semblerait-il, n’était pas permis selon certaines communications échangées avec la Municipalité. Une nouvelle lettre devrait d’ailleurs être envoyée à cet effet, a-t-il été ajouté. « Vous aurez de l’électricité, mais pas d’eau », a-t-on tenu à spécifier.

Camping 2.0

Pierre Saillant a également dévoilé « l’échéancier souhaité » pour la réhabilitation du Camping du lac de l’Est. Les études de sol et l’arpentage prévus cet été doivent permettre la réalisation des plans et devis au courant de l’hiver prochain. Ce contrat de près de 60 000 $ a été accordé également en séance ordinaire à Bouchard Service-Conseil. 2023 serait ensuite l’occasion de procéder aux demandes de subvention et des certificats d’autorisation auprès des ministères concernés. Si tout se déroule comme prévu, les soumissions et les travaux auraient lieu en 2024. La réouverture projetée serait donc à l’été 2025.

Autre revers pour les saisonniers, le maire ne s’est pas engagé à leur confirmer s’ils allaient retrouver leurs emplacements passés lors de la réouverture. Il est aussi demeuré flou sur le financement du projet global, qu’il évalue entre 8 et 10 M$, advenant que ce dernier ne soit pas entièrement couvert par les demandes de subvention. Ainsi, il n’exclut pas la possibilité d’un référendum auprès des citoyens de Mont-Carmel si ceux-ci sont appelés à assumer une plus grosse part du gâteau dans le projet.