L’ouverture d’une succursale de Canac à Rivière-du-Loup suscite des craintes chez les quincailliers du Kamouraska. Afin de conserver leur clientèle, certains ont ajusté leur offre de produits, alors que d’autres misent sur le service personnalisé. L’arrivée du géant pourrait même sonner le glas de petites quincailleries de village.
« C’est certain que c’est inquiétant, à cause des prix », lance d’emblée Stéphanie Deschamps, directrice adjointe du BMR Avantis de Saint-Pascal. De fait, il est difficile, voire impossible, d’égaliser les prix du géant sur certains produits. Même son de cloche de Patrice Lévesque, propriétaire de la quincaillerie Marcel Thériault de Saint-Alexandre, sous la bannière Home Hardware.
« Le secteur où Canac fera le plus mal, c’est dans le bois de construction. Leurs prix de vente sont en bas de nos prix coûtants, alors c’est impossible de rivaliser avec eux. De notre côté, nous avons décidé d’abandonner les matériaux de construction qui n’étaient pas rentables, et pour lesquels il était impossible de concurrencer Canac. »
Patrice Lévesque indique que son magasin se concentrera dans des niches où il sera possible de demeurer concurrentiel, comme la peinture. « Home Hardware possède sa propre usine de peinture, alors nos prix à ce niveau sont excellents. Nous allons aussi nous concentrer sur les appareils de chauffage, poêles à bois et à granules, domaine dans lequel notre magasin se spécialise depuis plusieurs années. Nous avons même nos propres installateurs. »
Qu’est-ce qui fait que Canac est en mesure d’offrir des prix aussi bas? « C’est leur chaîne d’approvisionnement. Ils possèdent leurs propres scieries, donc ils n’ont aucun intermédiaire. Ils s’approvisionnent directement en bois d’œuvre à la source, et la source, c’est eux. Encore plus, ils nous vendent certains de leurs produits. Le Groupe Laberge, l’entreprise derrière Canac, c’est gros. De ce côté, on ne peut rien faire », explique Patrice Lévesque.
Service personnalisé
Tous s’entendent pour dire que c’est le service personnalisé et après-vente qui fera la différence. « Les entrepreneurs qui font affaire ici depuis des années nous disent qu’ils continueront de le faire. Ils nous connaissent, nous les connaissons, et ça compte beaucoup. Pour les particuliers qui font des petites rénovations, ce sera peut-être différent. On cherche tous à avoir plus de sous dans nos poches, mais je ne sais pas à quel point les gens vont vouloir faire la route jusqu’à Rivière-du-Loup pour acheter une boîte de vis », conclut Stéphanie Deschamps.
« Chez Canac, c’est “payez et emportez”. Notre force, ce sera le service personnalisé après-vente, et l’entretien de certains appareils. Ils n’ont aucun personnel pour ça, alors qu’ici nous en avons. Ça nous donnera une chance de tirer notre épingle du jeu », termine Patrice Lévesque, précisant que les prix des produits dans le domaine de la quincaillerie pourront s’agencer avec ceux du géant.
La décision de Canac d’ouvrir à l’automne, plutôt qu’au printemps, donnera un répit aux autres quincailleries, puisque cette période de l’année génère une part importante de leur chiffre d’affaires. L’effet de nouveauté aura donc un effet moins catastrophique.