L’impact positif de l’éducation sur une société a fait ses preuves depuis longtemps, mais rarement les retombées économiques des étudiants durant leurs études n’ont été démontrées dans la communauté où ils étudient. En plein 50eanniversaire, le Cégep de La Pocatière a décidé de faire l’exercice et les résultats ont de quoi surprendre.
Ce n’est pourtant pas la première fois que le Cégep de La Pocatière s’intéresse à l’impact économique de ses étudiants sur le milieu pocatois. En 2007-2008, une étude similaire avait été menée par Mme Cécile Viel, enseignante en mathématique au Cégep de La Pocatière. « À l’époque, on avait seulement travaillé avec les étudiants qui n’étaient pas de La Pocatière ou de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, c’est-à-dire 620 étudiants environ. De cet échantillon, seulement 70 % avaient répondu aux questions de notre enquête et leur impact économique était alors évalué à un peu moins de 4 M$ », rappelle-t-elle.
À la demande du Cégep, Mme Viel a accepté de reconduire l’étude cette année avec huit étudiants provenant de trois programmes d’études différents qui ont accepté de l’épauler dans la démarche. L’approche étant différente, c’est l’ensemble de la population étudiante, soit 810 étudiants, qui ont été pris en considération aux fins de l’étude. « Notre démarche était très rigoureuse et les questions de notre sondage étaient orientées spécifiquement sur les dépenses réalisées par les étudiants à La Pocatière seulement, sur huit mois. Le taux de participation a été excellent, soit 81 % de notre population étudiante », d’indiquer Cécile Viel.
Faits saillants
Présentés par Camille Caillouette, finissante en sciences humaines, les principaux faits saillants de l’étude ont de quoi surprendre. D’une part, les étudiants du Cégep représentent environ 18 % de la population de la Ville de La Pocatière. La majorité est féminine et a moins de 20 ans.
Leurs principaux postes budgétaires sont le logement (moyenne de 2500 $ sur neuf mois), l’alimentation (moyenne de 2500 $ sur huit mois) et le transport (moyenne de 1270 $ également sur huit mois). Pour l’ensemble de leurs dépenses, qui comprennent également les frais scolaires, les soins, les communications ou même le divertissement, les étudiants du Cégep de La Pocatière ont en moyenne des dépenses de loin inférieures à celles des cégépiens de Montréal ou de Québec. Dans la majorité des cas, ceci s’expliquerait par un nombre d’occasions à dépenser ou un coût de la vie beaucoup plus faible que dans les grands centres urbains, selon Camille Caillouette. « Seulement en alimentation, par exemple, il n’est pas seulement question de l’épicerie, mais aussi des dépenses au restaurant. L’offre en région est beaucoup moins grande en région qu’en ville », précise-t-elle.
Des millions en retombées
Bref, des dépenses beaucoup moins élevées, mais un impact économique majeur pour la Ville de La Pocatière. Dans l’ensemble, l’étude estime celui-ci à près de 5,5 M$. Il s’agit là de retombées significatives dans le milieu pour la directrice générale de l’établissement, Mme Marie-Claude Deschênes. « On voit très bien que 50 ans plus tard, le Cégep de La Pocatière répond très bien à la mission de départ des Cégeps : permettre l’accès à l’éducation supérieure en région à coût abordable. Les données parlent d’elles-mêmes. À 800 $ en moyenne par étudiant sur huit mois, les frais scolaires sont loin d’être le principal poste de dépenses de nos élèves », résume-t-elle.
De plus, elle ajoute que l’étude ne prend pas en considération plusieurs autres éléments comme la contribution de l’établissement en matière de développement économique régional avec ses infrastructures, ses différents programmes de formations, l’impact de son personnel sur le plan socioéconomique et l’apport au chapitre de l’innovation découlant de ses trois centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT). « Et on ne prend même pas en considération non plus l’impact de l’ITA là-dedans. On peut donc déduire facilement que les retombées économiques de l’éducation sont majeures à La Pocatière et que les maisons d’enseignement et les entreprises du milieu ont tout intérêt à travailler ensemble pour les faire fructifier davantage », conclut-elle.