Il y avait déjà Lucina, ce mannequin semi-robotisé qui permet de simuler une variété d’accouchements avec un réalisme à s’y méprendre. Maintenant à ses côtés, Hal, le tout premier mannequin pédiatrique du Cégep de La Pocatière, aux options pratiquement similaires à celles de Lucina. Le 23 novembre, deux étudiantes de deuxième année en soins infirmiers ont été les premières à se prêter au jeu de la simulation.
Simon, sept ans, a été conduit à l’urgence par une intervenante de l’école. Somnolent, il jouait avec sa nourriture sur l’heure du dîner, ce qui a inquiété les éducatrices du service de garde. Son état léthargique a convaincu les infirmières au triage de le coucher en salle d’observation dès son arrivée. Le jeune garçon n’a pas d’antécédents médicaux, ne prend aucun médicament et ne souffre d’aucune allergie. « Durant la récréation, il est tombé sur les fesses, mais il ne se serait pas cogné la tête », ajoute l’enseignant, Gabriel-François Desbiens.
Chanel Dubé et Frédérique Gagnon-Beaulieu sont les deux étudiantes invitées à interagir avec Simon, sous l’œil observateur de leur enseignant, du technicien en travaux pratiques Charles Ouellet-Bernier – qui de la régie incarne la voix du bambin –, et de leurs deux consœurs de classe Maude Clavet et Amélie Jolicœur. Elles ont 20 minutes pour évaluer le garçon, prendre ses signes vitaux, ses signes neurologiques et sa glycémie. Les deux jeunes femmes, à qui on n’a toujours pas enseigné la théorie relative à la pédiatrie, ont relevé le défi haut la main, de l’avis de leur enseignant et de leurs consœurs de classe.
« J’ai vraiment senti le contact, il me parlait. Même s’il est en caoutchouc, je pouvais tenir sa main, et il pleurait! C’est plus facile pour nous d’interagir avec un mannequin qui peut bouger et qui est réactif, qu’avec un mannequin statique avec quelqu’un caché derrière qui le fait parler », raconte, emballée, Frédérique Gagnon-Beaulieu une fois l’exercice terminé.
Multiples possibilités
Gabriel-François Desbiens et Charles Ouellet-Bernier sont tout aussi enthousiastes face à Hal, le nouveau mannequin pédiatrique. Leurs étudiants en soins infirmiers font leurs stages à l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima à La Pocatière ou à l’hôpital de Montmagny. À La Pocatière, il n’y a pas de pédiatrie, et à Montmagny, les cas sont plutôt rares. « Si on ne fait pas ce type de simulation ici, nos étudiants auront peu de chances de toucher à la pédiatrie. Difficile d’aimer ce genre de spécialité si tu n’y goûtes pas un tant soit peu », poursuit Gabriel-François Desbiens.
Hal a coûté 103 000 $ au Cégep de La Pocatière, et outre les promesses d’un enseignement pédiatrique plus poussé, il vient avec de multiples possibilités, dont celle d’utiliser sur lui les mêmes appareils que les étudiants utiliseraient en temps normal dans un centre hospitalier. Prise de signes vitaux, de signes neurologiques et de glycémie sont du nombre des actes que les étudiants peuvent poser, comme dans la simulation avec Simon, mais à cela s’ajoutent la prise de sang, l’introduction d‘un cathéter ou d’un drain thoracique, l’option de réaliser une trachéotomie ou même une décompression à l’aiguille.
« Hal peut uriner, pleurer, bouger la tête et les yeux. Il n’est juste pas robotisé, donc il ne peut pas bouger son corps ni se lever. Comme Lucina, on parle à travers lui. Ses possibilités sont pratiquement infinies, et elles nous ouvrent la porte à une panoplie de cas plus complexes à évaluer avec les étudiants », résume Charles Ouellet-Bernier.
Partenariat avec l’hôpital
La plus-value d’Hal en matière d’enseignement permettra au département de soins infirmiers de consolider son partenariat avec l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima. Seulement avec Lucina, deux simulations d’accouchement avec du personnel en obstétrique du centre hospitalier ont pu être tenues en début d’année, chose qui a été très appréciée des étudiants. L’idée de reproduire un exercice similaire avec Hal est dans l’air pour le début 2023.
Ces simulations sont même à l’origine d’une nouvelle entente avec le personnel infirmier de l’hôpital, qui a désormais accès aux deux mannequins pour pratiquer différentes procédures et maintenir leurs acquis. Les scénarios qu’ils auront développés dans le cadre de leurs pratiques pourraient même être réutilisés par les enseignants du programme dans le cadre de leurs ateliers de simulation avec leurs étudiants. Une porte ouverte avec le personnel de l’hôpital est prévue bientôt pour leur expliquer la procédure.