Classes sous tension

La violence envers le personnel enseignant et de soutien au Centre de services scolaire de Kamouraska–Rivière-du-Loup est en constante augmentation. Une étude récente, réalisée par le Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage et le syndicat du personnel de soutien scolaire, démontre qu’un enseignant sur cinq affirme subir de la violence physique de la part des élèves, tandis qu’un membre du personnel de soutien sur deux est victime de violences similaires.

« Ce n’est pas une situation tolérable, déplore la présidente du syndicat Natacha Blanchet. Il est temps de revoir nos pratiques, et de mieux encadrer la gestion des comportements difficiles en classe. » Mme Blanchet explique que, curieusement, cette recrudescence est particulièrement observée chez les plus jeunes, dès la maternelle.

« Ça, c’est un phénomène vraiment nouveau. On ne voyait pas cela du tout avant. Nous avons réalisé une étude similaire en 2018, et il n’y avait pas ce genre de comportements violents chez les jeunes enfants. Je crois que plusieurs ont grandi durant la pandémie, avec des interactions sociales limitées, et une exposition accrue aux tablettes et aux téléphones intelligents. Leur tolérance aux consignes est moindre, ce qui se traduit par des débordements comme des morsures, des coups, le lancer d’objets, voire la désorganisation complète de la classe », dit-elle.

En avançant en âge, vers le secondaire, les élèves manifestent plutôt leur mécontentement par des actes d’incivilité et des agressions verbales, voire des menaces de mort. Certains enseignants aux prises avec cette situation anxiogène peuvent juger nécessaire de porter plainte aux policiers.

Pour Mme Blanchet, « l’intégration à tout prix » a des conséquences néfastes sur l’ensemble des élèves. « Quand un élève crie, frappe, crache ou détruit du matériel, toute la classe est perturbée. Cela a un impact direct sur la qualité de l’enseignement », affirme celle qui se questionne sur la pertinence de regrouper les ressources dans des classes spécialisées plutôt que d’essayer d’inclure tous les élèves dans la classe régulière.

Soutien des parents essentiel

Le soutien des parents est essentiel. Les enfants absorbent ce qu’ils voient. Ils reproduisent les modèles auxquels ils sont exposés. « Quelquefois, des parents réagissent avec agressivité lorsque des sanctions sont imposées à leur enfant. Chaque enfant est précieux, mais l’enseignant doit gérer une classe entière. L’opposition des parents complique la mise en place des mesures nécessaires. »

Pour Natacha Blanchet, il est impératif de mettre fin à la banalisation de la violence. Elle propose un retour à des codes de vie stricts, et l’établissement de conséquences claires et immédiates pour tout comportement inacceptable. « Il est inacceptable qu’un élève puisse lancer des objets sans qu’il y ait de suites. Si on tolère ce genre de comportement, il va continuer », insiste celle qui prône également la création de classes spécialisées pour les élèves ayant des troubles de comportement majeurs, ce qui permettrait aux autres élèves d’apprendre dans un climat propice et sécuritaire.

« Il est important de soutenir le personnel enseignant en ajoutant des ressources supplémentaires. Une personne désignée dans chaque école pourrait assurer un filet de sécurité, et intervenir rapidement en cas de crise. »

Enfin, elle appelle à une collaboration étroite entre l’école et les familles. « Quand les parents collaborent, on observe une réduction rapide des comportements problématiques. Mais si l’appui des parents n’est pas là, la situation risque de dégénérer. C’est un problème de société qui nécessite une approche globale et cohérente. »