Il fallait être visionnaire et un brin têtu pour implanter une maison d’enseignement secondaire pour garçons à Sainte-Anne-de-la-Pocatière en 1827. Pour l’abbé Charles-François Painchaud, fondateur du Collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière, c’était plus qu’un besoin, mais une nécessité.
Les premières pierres de ce qu’il allait devenir le Collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière ont été posées en 1827, mais les premiers élèves, eux, ont fait leur entrée le 1er octobre 1829, il y a 190 ans. « Ils étaient huit. On avait retardé la rentrée pour accommoder les familles qui avaient besoin des garçons à la ferme », précise Diane Sénécal, adjointe à la direction du Collège.
À une époque où travailler la terre était plus important que poursuivre des études secondaires, l’abbé Painchaud trouvait inconcevable que l’Est-du-Québec ne soit pas doté d’un collège pour garçons. Les familles qui faisaient alors le choix de permettre à leurs fils de poursuivre leur éducation devaient les envoyer vers Québec, Montréal, Nicolet ou même Saint-Hyacinthe.
« Il voulait que le Collège soit le premier lieu de haut savoir à l’est de Québec », mentionne Diane Sénécal.
Ce qu’il va devenir et rester durant de nombreuses années, jusqu’à ce que de lui naissent en partie d’autres institutions d’enseignement, dont la première école d’agriculture au Canada devenue aujourd’hui l’ITA, Campus de La Pocatière, mais également le Cégep de La Pocatière après la disparition des collèges classiques à la fin des années 60.
Précurseur
Précurseur à bien des égards, le Collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière a toujours conservé cet élément distinctif qui est devenu en quelque sorte la base de son ADN, selon l’adjointe à la direction. Elle cite en exemple son ouverture aux filles, dès 1964, et la naissance du programme Paramundo en 1985, qui a longtemps fait du Collège l’une des seules écoles secondaires à proposer un voyage humanitaire tous les ans à ses élèves.
Avec la création entre ses murs de l’AMIE, aide internationale à l’enfance dans les années 70, Paramundo a en quelque sorte posé les jalons de l’ouverture sur le monde que le Collège Sainte-Anne offre désormais par le biais de son école d’immersion française. Une première tentative avait pourtant été réalisée avec des Mexicains dans les années 90, rappelle Diane Sénécal, mais l’absence de services efficients permettant de bonifier l’expérience internationale hors école de ces élèves a eu raison de cette initiative. « On a appris beaucoup de cette époque », poursuit-elle.
Ces leçons du passé combinées à l’expertise en enseignement développée avec le programme d’immersion estival Explore depuis près de 20 ans sont ce qui a permis au Collège de raffiner sa proposition d’enseignement du français aux élèves internationaux qui viennent désormais de l’Asie et de l’Amérique latine principalement. Aujourd’hui, ils sont près d’une cinquantaine durant l’année scolaire régulière. « Notre ratio actuel est autour de 10 % de notre clientèle totale et notre objectif n’est de ne jamais dépasser le 15 % de clientèle internationale », indique Diane Sénécal, également directrice adjointe de l’école d’immersion française.
Un créneau d’avenir donc pour le Collège qui jouit maintenant d’une crédibilité à l’internationale, tout en demeurant fortement ancré dans son milieu. Si l’élève arrive souvent à surpasser le maître, 190 ans d’enseignement au Collège Sainte-Anne ont donc certainement permis aux successeurs de l’abbé Painchaud de pousser encore plus loin son rêve, et cela, bien au-delà des frontières de l’Est-du-Québec.