Commerce en ligne : Pas gagné d’avance

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La MRC de L’Islet lance un vaste chantier de portail web visant à encourager les entreprises de son territoire à se doter d’une boutique en ligne. La Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet applaudit l’initiative, mais elle se demande tout de même si les entrepreneurs répondront favorablement à cette proposition.

Nancy Dubé était clairement emballée par le projet de la MRC de L’Islet lorsque nous l’avons contacté. Familière avec ce produit proposé par la firme L’Achat Local, la présidente de la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet a mentionné : « C’est fait sur mesure pour les MRC ce site-là. Je vais en parler à ma gang du Kamouraska ! ».

Même si elle estime que les entreprises du territoire semblent s’être bien tirées d’affaire au plus fort de la COVID-19, Nancy Dubé croit que le temps est venu pour elles d’accentuer leur présence sur le web et de se doter d’une boutique en ligne. Néanmoins, elle ne se raconte pas d’histoire, sur le terrain, elle ne sent pas d’engouement démesuré non plus pour le commerce en ligne chez les entrepreneurs qui n’en font toujours pas. « On est loin de la coupe aux lèvres », poursuit-elle.

Temps, ressources, connexion internet déficiente, mise en marché compliquée pour certains produits, Nancy Dubé cite plusieurs questionnements qui reviennent chez la plupart des « résistants ». Dans ce possible entre deux vagues de la COVID-19, la présidente de la Chambre de commerce croit que les entrepreneurs récalcitrants n’ont peut-être pas encore la tête à ça, mais ils le devraient, estime-t-elle. Elle cite en exemple une possibilité de formation sur les boutiques en ligne que la Chambre aimerait offrir prochainement qui a suscité oui un intérêt, sans que ça ne se bouscule à la porte non plus.

« Nos PME sont dans le quotidien actuellement. Ils continuent de gérer une crise sanitaire et tout ce que ça implique. Ils ont encore de la difficulté avec la main-d’œuvre et ils vivent beaucoup d’incertitudes. Ils n’ont pas la tête à ça. Mais le danger, c’est que le retour de leur clientèle en magasin, à cause du déconfinement, les empêche de ressentir ce sentiment d’urgence à faire du commerce en ligne. »

Nancy Dubé est d’avis que les entreprises qui n’auront pas de boutique en ligne ces prochaines années risquent de se buter, d’une part, à une problématique de renouvellement de clientèle, en raison de la réalité démographique régionale. S’ouvrir à un marché extrarégional peut donc être salutaire. D’autre part, ces entreprises risquent d’être également moins intéressantes auprès d’une future relève entrepreneuriale.

« Ça va prendre des ressources régionales qui peuvent accompagner et encadrer nos entrepreneurs vers cette avenue. Faut-il en venir à créer un département permanent à la SADC ou à la MRC pour s’assurer d’avoir des campagnes ou des formations régulières en ce sens ? Une chose est sûre, on ne peut pas lâcher le morceau : nos entreprises doivent suivent la tendance et s’adapter », conclut-elle.