Un rôle accru du ministère de l’Enseignement supérieur réclamé pour l’ITAQ

L’ITA deviendra l’ITAQ. Photo : Maxime Paradis.

Le rôle jugé limité du ministère de l’Enseignement supérieur auprès du futur Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) préoccupe plusieurs intervenants qui se sont fait entendre lors des consultations particulières en lien avec le projet de loi 77 la semaine dernière. Différentes suggestions quant à la composition du conseil d’administration ont aussi été entendues.

Le ministre de l’Agriculture André Lamontagne soulignait d’un ton léger « qu’il n’y a pas un groupe qui est passé (aux consultations) et qui n’a pas demandé une place sur le CA ».

« L’important, c’est de laisser le plus de marge de manœuvre et de flexibilité possible au conseil d’administration », a-t-il ajouté, rappelant que le nombre de places était limité.

La mouture du projet de loi 77 présentée le 26 novembre dernier prévoit que le conseil d’administration de l’ITAQ sera composé de 15 personnes, dont 10 membres indépendants nommés sous recommandation du ministre, deux membres étudiants nommés par campus ou en alternance parmi ceux-ci — s’ils passent au-delà de deux —, un membre représentant du personnel en alternance entre les enseignants et les autres groupes d’emplois, sans oublier le directeur général et le directeur des études de l’institution nommés d’office.

Dans son mémoire déposé lors des consultations, l’UPA suggère que le ministre choisisse les 10 membres indépendants « parmi les acteurs d’influence du milieu agricole et agroalimentaire ». La Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) suggère quant à elle qu’un siège d’administrateur soit réservé à un ancien diplômé de 40 ans et moins.

L’opposition officielle, par la voie de la députée d’Acadie et porte-parole en matière d’Enseignement supérieur Christine St-Pierre, se dit de son côté favorable à une représentation bonifiée du personnel enseignant et des étudiants sur le CA, ce qui éviterait les processus d’alternances évoqués dans l’actuel projet de loi.

« On considère aussi que le conseil d’administration de l’ITAQ gagnerait à être représenté par des agronomes. Leur expertise joue un rôle important en agriculture au Québec », a également suggéré Mme St-Pierre.

Interrogé à cet effet, le ministre Lamontagne ne s’est pas engagé envers l’une ou l’autre de ces propositions, mais il s’est toutefois dit « ouvert à la discussion ».

Enseignement supérieur

En entrevue avec Le Placoteux, André Lamontagne a aussi signifié que 19 mémoires ont été déposés lors des consultations particulières tenues les 14 et 15 janvier derniers. 18 d’entre eux endosseraient pleinement le projet de loi actuel, a-t-il déclaré.

Le cœur du projet de loi 77 est de dégager l’ITA actuelle du giron du ministère de l’Agriculture afin qu’elle puisse assumer pleinement son rôle et sa mission comme haut lieu de l’enseignement agricole au Québec. Il est toutefois prévu que l’institution demeure sous la juridiction du MAPAQ, et cela, même si elle jouira de la même indépendance que les autres maisons d’enseignement collégial québécoises.

Christine St-Pierre insiste sur le fait que son parti est favorable à l’idée derrière la création de l’ITAQ, le modèle actuel de l’ITA étant « un peu dépassé ». Elle déplore cependant qu’aucun lien avec le ministère de l’Enseignement supérieur ne soit enchâssé dans le projet de loi.

André Lamontagne estime que ce lien entre l’ITA actuel et le ministère de l’Enseignement supérieur existe déjà par le biais de la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial qui, malgré son indépendance, fait l’évaluation des apprentissages et des programmes d’études de tous les établissements du réseau collégial québécois en fonction des normes prescrites par le Ministère.

Christine St-Pierre va plus loin. « On parle d’enseignement collégial, de pédagogie. Nous estimons que les cours qui seront donnés à l’ITAQ devraient être approuvés par le ministère de l’Enseignement supérieur, comme c’est le cas pour l’ITHQ », en référence à l’article 18 de la loi sur l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec.

Fédération des cégeps

Le président de la Fédération des cégeps Bernard Tremblay a de son côté demandé au ministre Lamontagne de retirer le projet de loi 77. M. Tremblay a ramené à la table une proposition ressemblant à celle suggérée en 2016 par le Cégep de La Pocatière, soit celle de créer une école nationale affiliée à un ou à plusieurs cégeps.

Par le fait même, la Fédération « s’étonne » de « la création d’un Institut de technologie agroalimentaire s’apparentant à un établissement d’enseignement collégial sans être partie intégrante de ce réseau et relevant de surcroît du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) ».

« Notre réseau comprend déjà cinq écoles nationales qui peuvent adopter des structures adaptées à leur réalité et qui offrent de la formation collégiale, mais aussi professionnelle et universitaire. Ce modèle fonctionne très bien et pourrait répondre adéquatement aux besoins de formation évoqués dans le projet de loi. Rien ne justifie la création d’une structure parallèle à celle des cégeps, comme le propose le MAPAQ », indique le président-directeur général Bernard Tremblay, par voie de communiqué.