Éditorial : Côte-des-Chats échaudée craint l’eau froide

À moins d’un revirement de situation spectaculaire, les citoyens de Saint-Pacôme ont visiblement tourné le dos au ski alpin dans leur municipalité et pour de bon. En refusant qu’un promoteur privé relance la Station plein air sous forme d’un centre de ski privé, c’est clairement le message qu’ils ont envoyé.

En même temps, pouvons-nous réellement les blâmer ? La dernière fois qu’il y a eu du ski sur les pentes de la Côte-des-Chats c’était à l’hiver 2013-2014. Par la suite, durant près de cinq ans, pratiquement tous les skieurs de la région ont cru à la relance de la Station plein air. Tout en faisant appel à leur patience, le comité de relance, avec l’appui de la Municipalité, a multiplié les activités de financement et les appuis financiers divers dans le but précis de remettre cette infrastructure en règle et de recommencer à l’opérer.

À l’automne 2016, on croyait même que l’hiver qui s’annonçait serait celui de la reprise des activités. Tous les indicateurs semblaient au vert. Finalement, les mois suivants ont plutôt été ceux où tous, à commencer par l’ancien OBNL, en passant par la Municipalité et la MRC, ont décidé de jeter successivement la serviette et d’enterrer à jamais le projet de relance, laissant un goût amer de beau mirage chez tous ceux qui y ont cru.

Se faire une raison

Lundi dernier, après des semaines à se faire répéter que le ski était mort et enterré à la Station plein air, le maire Robert Bérubé a présenté une offre de dernière minute d’un promoteur privé désireux de racheter la montagne pour l’opérer en centre de ski. Même si très peu de détails ont été dévoilés, le rêve de revoir des skieurs dévaler les pentes de la Côte-des-Chats redevenait, pour ainsi dire, possible. À la surprise générale, les gens réunis à cette rencontre décisive organisée par la Municipalité ont dit majoritairement non, malgré la recommandation du comité d’explorer cette avenue davantage.

Il est vrai qu’évaluer cette option, selon certaines conditions, ne signifiait aucunement la vente de la montagne au terme de l’exercice. Mais devant le peu d’informations communiquées sur le projet, on ne peut reprocher aux citoyens de Saint-Pacôme d’avoir été plus pragmatiques qu’émotifs. Quoi de plus légitime que de se demander comment un privé pourra rentabiliser les opérations d’un centre de ski, alors qu’une armée de bénévoles bien intentionnés n’a jamais été en mesure de le faire à l’époque de la Station plein air? Pour y parvenir, ça ne serait sûrement pas à coût modique pour les utilisateurs, comme par le passé. Et si skier sur une montagne à petit dénivelé comme Saint-Pacôme n’est pas offert à prix accessible, les citoyens ont tout à fait raison de se questionner sur la rentabilité à long terme d’une telle infrastructure qui pourra difficilement rivaliser avec les autres montagnes au Québec.

Dans ces circonstances, en appuyant l’option de convertir le bas de la montagne en un gigantesque parc municipal et d’ouvrir la possibilité à louer les pentes pour la tenue d’autres activités sportives, les citoyens de Saint-Pacôme ont décidé d’arrêter de voir la Côte-des-Chats dans le prisme de la vocation unique. En fait, ils ont fait le choix que la montagne demeure un bien collectif plutôt que de succomber à l’appât du gain d’une vente à un privé, mais dont les retombées positives à long terme pour le milieu sont à démontrer.

La décision aurait-elle été différente si le promoteur avait été sur place pour vendre son projet? Peut-être. Néanmoins, par le vote à main levée de lundi, on peut dire que les citoyens de Saint-Pacôme présents ont fini par se faire une raison. Ils ont dit non au ski, mais oui à leur montagne.