La crise de la COVID-19 aura toujours bien eu cela de positif. Selon La Traversée, association kamouraskoise en santé mentale, les gens ont pris conscience de l’importance de celle-ci. L’organisme se demande maintenant comment il pourra continuer à être présent dans les prochains mois.
Depuis 23 ans dans le cas de la directrice générale Éliane D’Anjou et 21 ans dans le cas de l’intervenante responsable des activités Judith St-Jean, la santé mentale est au cœur de leur quotidien à La Traversée. Sujet souvent tabou pour plusieurs, on en parle désormais plus ouvertement en raison de la COVID-19. Le premier ministre François Legault l’a d’ailleurs souligné son importance à quelques reprises dans ces points de presse en préparation de la réouverture des écoles, des commerces et des régions qui ont été annoncées successivement au cours de la dernière semaine.
« Le regard est en train de changer, on le sent. Quand t’es confiné avec, c’est sûr que t’en prends conscience un peu plus », explique Éliane D’Anjou.
Parce qu’avant la COVID, les distractions servant à entretenir une bonne santé mentale étaient nombreuses. Sorties sociales, toute forme de consommation quelconque, l’évasion était facile d’accès, souligne Judith St-Jean.
« Quand du jour au lendemain tu te retrouves confiné par obligation, tu te retrouves fasse à tes faiblesses et tu n’as pas le choix de te tourner vers tes ressources et tes forces personnelles pour retrouver une forme d’équilibre. La fuite n’est plus possible », poursuit-elle.
Les dernières semaines ont donc fait appel à une capacité d’adaptation sans précédent pour plusieurs. Les bonheurs simples se sont imposés comme des valeurs refuges pour la plupart des gens, estiment Éliane D’Anjou et Judith St-Jean.
Mais changer sa vision de la vie n’est pas chose simple. Lorsque nous sommes habitués à avoir accès au « penthouse » en tout temps, se contenter de peu nécessite de se reprogrammer, en quelque sorte.
« Vivre dans le moment présent, c’est sûr que ça fait appel beaucoup à l’acceptation et au laisser-aller. C’est un peu contre nature quand on l’habitude de tout contrôler et qu’on trouve la sécurité dans notre routine. Apprivoiser ça, c’est difficile pour certaines personnes », ajoute l’intervenante.
Bien outillé
Bref, un défi pour le commun des mortels que ce confinement, mais qui semble s’être plutôt bien déroulé, dans l’ensemble, auprès de la clientèle qui fréquente habituellement La Traversée. Comme le rappelle Éliane D’Anjou, les gens qui vivent avec une problématique de santé mentale sont souvent déjà isolés au quotidien, La Traversée constitue donc un des rares moments de socialisation à leur disposition.
« On s’est aperçu que la crise n’a pas été aussi grosse qu’on l’appréhendait. Au départ, c’est plus nous qui faisions du suivi téléphonique auprès de nos membres et c’était assez bref. C’est plus dans les derniers jours qu’on a commencé à sentir les effets prolongés du confinement et les appels venant des membres ont augmenté en nombre et en durée. Mais dans l’ensemble, on constate qu’on les avait plutôt bien outillés avant que la crise n’éclate », résume la directrice.
La Traversée croit tout de même qu’il est impensable qu’elle cesse ses opérations deux mois au courant de l’été, alors qu’elle est déjà fermée à sa clientèle depuis plus de sept semaines. Éliane D’Anjou désire regarder avec son conseil d’administration les possibilités de financement pour maintenir au moins deux intervenants à l’emploi durant la saison estivale. L’exercice s’annonce toutefois périlleux pour l’organisme qui vient de faire une croix sur au moins 10 000 $ de revenus en raison de l’annulation de son activité de financement principale, le Grand défi 3 h de spinning, à cause de la COVID-19.
« On va essayer de voir ce qu’on peut faire dans les circonstances. En attendant, on continue d’être présent et les gens peuvent nous appeler du lundi au vendredi s’ils ont besoin de parler », conclut Éliane D’Anjou.