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Cultiver par plaisir et par conscience

Sébastien Beaulieu et Marie-France Paradis auraient sûrement bien d’autres choses à faire de leur temps libre que de jouer aux maraîchers. Malgré leurs deux emplois à temps plein et leurs quatre enfants, ils cultivent leur terre à Saint-André depuis 2016 par plaisir et par conscience environnementale, nourrissant au passage une soixante de familles de la région.

Ils ne sont pas les seuls de la région. Un simple coup d’œil à la 1reédition du magazine Culture de Rang de la Coop des Champs suffit pour constater que Sébastien et Marie-France s’inscrivent dans cette mouvance des néo-agriculteurs kamouraskois désireux de manger mieux et de s’approvisionner le plus longtemps possible en produits frais, localement. « Au début, quand on a commencé en 2016, c’était pour nous, notre famille », d’expliquer Sébastien.

Lui, ferronnier d’art, elle, arpenteuse de construction, le couple de Saint-Pascal n’aurait jamais pensé que leur passion aurait pu devenir une entreprise. Du moins, pas aussi rapidement. « Nos jardins ont tellement produit qu’on a décidé de publiciser nos surplus sur Facebook. En quelques jours à peine, on a tout vendu et les gens nous en ont redemandé dans les semaines suivantes », d’ajouter Marie-France.

De fil en aiguille, La Ferme… et Mange! est née, et dès l’été 2017, l’entreprise mettait en place son service de paniers de légumes saisonniers. Aujourd’hui, l’entreprise dispose de 2 ha de jardins cultivés, trois serres et un conteneur d’entreposage. Tous les printemps, ils font leurs semis dans un entrepôt de l’avenue Sergerie à Saint-Pascal. L’été, ils travaillent entre 40 et 45 h par semaine à la ferme et emploient un employé, en plus de se faire aider par leurs quatre enfants.

Respecter leurs valeurs

À l’aube de leur quatrième été de production, Sébastien et Marie-France se sont fixés pour objectifs de continuer à faire progresser leur entreprise dans le respect de leurs valeurs. Même s’ils ne sont toujours pas certifiés biologiques, ils avouent travailler comme s’ils l’étaient. « C’est un choix. La certification a un coût qu’on ne veut pas refiler à nos clients », d’indiquer Sébastien.

Éventuellement, ils aimeraient bien pouvoir nourrir une centaine de familles avec leurs paniers de légumes, alimenter quelques restaurants de la région et embaucher un autre employé. Prolonger la saison en développant une offre de paniers de conservation figure également parmi leurs désirs. Mais pour y parvenir, pas question d’agrandir la surface de production, du moins, pour le moment. « On veut continuer de maximiser l’espace déjà cultivé en améliorant le rendement de notre sol », de préciser Marie-France.

En ce sens, ils avouent s’inspirer des méthodes développées par les auteurs et maraîchers Eliot Coleman et Jean-Martin Fortier. Dans le cas du dernier, une émission consacrée au projet de la Ferme des Quatre-Temps qu’il dirige en Montérégie a fait l’objet d’une émission télévisée, Les fermiers, sur la chaîne Unis TV l’an dernier. Une 2esaison doit d’ailleurs être présentée sous peu. « On s’est beaucoup référé au livre de Jean-Martin quand on a commencé. On a même déjà suivi une de ses formations. On essaie de rester dans le même esprit et de faire le plus de choses possible manuellement, mais on demeure réaliste. Avec nos deux emplois et les enfants, ce n’est pas toujours possible. Ce qui compte, c’est de savoir qu’on contribue à faire évoluer les mentalités en matière d’achat local et qu’on travaille à améliorer la souveraineté alimentaire de notre région », de conclure Sébastien.