Françoise Paquet, 80 ans, a décidé de payer son homme à tout faire 15 $ l’heure pour l’aider à marcher dans les corridors de l’hôpital de La Pocatière. Selon elle, le personnel hospitalier ne semblait pas avoir le temps de le faire.
La dame a subi un ACV le mercredi 8 août dernier, jour de ses 80 ans. Elle a été hospitalisée à La Pocatière. Le vendredi, elle affirme avoir demandé de l’aide au personnel pour marcher.
« J’ai déjà fait du fauteuil roulant et je savais que je devais marcher, bouger, pour me remettre », a dit la dame, qui par expérience, savait que l’exercice l’aiderait à se remettre et d’éviter de rester alitée trop longtemps.
« J’ai déjà fait du fauteuil roulant et je savais que je devais marcher, bouger, pour me remettre. » – Françoise Paquet
Pendant deux jours, elle n’aurait pas eu l’aide escompté. Le premier, elle l’a demandé, mais ça n’a pas été fait. Le lendemain, on lui a dit « cinq minutes » alors que c’est le temps que ça lui prenait juste pour sortir de son lit, soutient-elle.
Le dimanche, elle a demandé à son homme à tout faire qui s’occupe de sa cour et de son grand ménage de venir l’aider à marcher dans l’hôpital. Elle le paie 15 $ l’heure. Son employé l’a fait marcher à trois reprises dimanche et lundi, jusqu’à ce que l’octogénaire décide de quitter l’hôpital de son propre chef. Elle sentait qu’elle serait mieux à la maison pour se reprendre en main.
« C’est un geste téméraire, mais assumé », dit la dame, qui invite les gens de son âge à prendre leur santé en main. Elle n’est pas fâchée d’avoir dû dépenser de l’argent pour bouger à l’hôpital, mais invite surtout les gens à être lucides. « Ils [le gouvernement] nous ont fait croire qu’ils nous donneraient tout ça [du temps pour marcher, par exemple]. Ça fait longtemps que j’ai compris qu’ils ne nous donneront pas tout ça », a déclaré Françoise Paquet.
« J’ai vu le personnel courir, ils n’ont pas le temps », a-t-elle ajouté tristement.
Approche adaptée
Le CISSS du Bas-Saint-Laurent indique que provincialement, il existe un programme qui s’appelle « Approche adaptée à la personne âgée » qui vise à mettre en œuvre des moyens afin de maintenir l’autonomie de la personne âgée lors de son hospitalisation. Dans le cadre de ce programme, une équipe multidisciplinaire, composée d’un physiothérapeute, d’un ergothérapeute, d’un pharmacien, d’un médecin, d’un nutritionniste, d’une infirmière et des services spirituels, se rencontre deux fois par semaine pour suivre l’évolution de la clientèle et adapter les soins, le cas échéant. Le succès de cette approche dépend également de l’engagement des usagers.
La porte-parole Ariane Doucet-Michaud indique qu’elle ne peut commenter le cas précis de Mme Paquet. « Toutefois, dans le cas où la physiothérapeute recommande qu’une personne “marche” afin de conserver son autonomie, il est de la responsabilité de tous (infirmières, préposés, famille) de soutenir la personne. Dans une situation où le personnel ne peut assumer cette tâche (équipe plus sollicitée), une thérapeute en réadaptation physique, employée du CISSS, se déplace sur l’unité de soins pour soutenir la personne. Je peux vous assurer qu’en aucun cas, cet été des personnes n’ont pas eu accès à ce traitement lorsque requis par sa condition médicale », a-t-elle indiqué. Mme Paquet ignore si une physiothérapeute avait recommandé la marche dans son dossier. Toutefois, le lundi après-midi, une ressource est venue l’aider à marcher, a-t-elle précisé.