L’histoire des noms de lieux est fascinante puisqu’elle fait écho non seulement au passé religieux catholique des paroisses de la Côte-du-Sud, mais à des réalités autochtones. Le mot algonquin Kamouraska signifie là où il y a des joncs au bord de l’eau. Mais qu’en est-il de Notre-Dame-du-Portage?
Yves Hébert
Aujourd’hui, ce toponyme réfère à une municipalité créée en 1856 et à une paroisse qui rappelle la grande dévotion que l’on avait pour Notre-Dame au XIXe siècle. Mais l’ajout de Portage à ce nom pique la curiosité. Avant l’arrivée des Européens, les Autochtones utilisent quatre routes de portage entre le Saint-Laurent et le fleuve Saint-Jean pour atteindre le futur territoire acadien. Deux d’entre eux rejoignent l’embouchure de la rivière des Caps en bordure du Saint-Laurent.
Le chemin de Témiscouata ou Grand Portage est emprunté très tôt par les voyageurs. Méconnu par les Canadiens jusque vers les années 1740, selon l’historien Jean-Claude Massé, ce sentier attire l’attention des autorités coloniales dans les années suivantes. Le lien terrestre entre Québec et Halifax devient stratégique pour les Britanniques. Le gouverneur Haldimand décide d’en faire une route carrossable en 1783 à partir de rivière des Caps.
Se situant à une vingtaine de kilomètres du village de Kamouraska, le hameau que l’on nomme Rivière-des-Caps fera partie de Notre-Dame-du-Portage. Le 12 juin 1783, le grand voyer Jean Renaud engage donc 185 habitants miliciens des paroisses de Saint-Louis-de-Kamouraska, Rivière-Ouelle et Sainte-Anne-de-la-Pocatière pour ouvrir ce chemin. Une quinzaine de jours plus tard, ils sont remplacés par un autre groupe, dont une soixantaine provenant de Saint-Roch-des-Aulnaies, de Saint-Jean-Port-Joli et de L’Islet. Le Grand Portage devient une route postale à partir de 1788. Puis une voie d’accès au territoire que l’on commence à coloniser. Durant cette période, les premiers colons du Témiscouata proviendront entre autres de Kamouraska, de Rivière-Ouelle et de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Pour en savoir plus, on consultera le livre de Jean-Claude Massé, Le Témiscouata, de la préhistoire à la Confédération (PUL, 2017).