Comment pouvons-nous avoir encore un soupçon de crédibilité envers une personne qui nous berne depuis des mois? C’est sans doute le sentiment ressenti par la population du Kamouraska quant aux propos tenus par le ministre de la Santé et des Services sociaux en ce qui concerne les ressources essentielles à pourvoir à l’Hôpital Notre-Dame-de-Fatima de La Pocatière afin de desservir la population comme il se doit.
Le gouvernement Couillard et son omnipuissant ministre investi de la magistrature absolue de la santé et sans contrôle est un fait. Depuis l’abolition de la conscience du système de santé, en l’occurrence le Commissaire à la santé, c’est le ministre qui évalue ses propres politiques. C’est là un pas de plus vers la dictature complète des soins de santé et des services sociaux au Québec. Tel que relaté dans La Presse, édition du 4 mars 2018, les constats qui se dégagent de l’analyse effectuée par Damien Contandriopoulos de l’Université de Montréal sont en effet saisissants. Mais, le ministre dans sa conception des choses, toute analyse critique est fausse, voire, lance-t-il souvent, trop « négative ». C’est à se demander si l’hypercentralisation des services sous le contrôle direct du Dr Barrette peut constituer un drame en attente dans le cas de l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima de La Pocatière.
Le premier ministre Couillard a déclaré à l’Assemblée nationale que l’entente conclue avec les spécialistes constituait une entente au bénéfice des patients. Selon cette entente, la Fédération des médecins spécialistes puisera 105 M$ à même son enveloppe afin de respecter l’entente prévoyant des primes oscillant entre 1000 $ et 1400 $ par jour, en plus de leur salaire pour les spécialistes appelés pour le dépannage à l’extérieur de leur hôpital habituel. Pour sa part, le Dr Barrette a rappelé à plusieurs reprises que cette entente venait régler les pénuries temporaires dans les hôpitaux comme La Pocatière.
Comment expliquer alors que le bloc opératoire de l’hôpital de La Pocatière était fermé du 1er au 4 avril? On avait prévu que lors du congé de Pâques qu’il n’y aurait pas d’urgence dans la région et, en conséquence, pourquoi garder un anesthésiste et un chirurgien en attente? Peut-on m’expliquer ce qu’est un bris de service? Il faut réaliser que tant que le système de santé demeurera sur les épaules d’un ministre qui détient tous les pouvoirs, le système demeurera en place et on restera pratiquement totalement indifférent à l’objet de son existence : le patient.
En tout cas, il faut féliciter les membres du Comité « Mes soins restent ici » pour leur dévouement et leurs actions concertées. Il faut, en tant que citoyen, les appuyer et avoir le courage de parler haut et fort pour que le ministre entende un peu raison et reste moins sourd face à la réalité qui nous concerne.
Gérald Rousseau, La Pocatière