Derrière l’eau et les inondations

Une question, qu’on s’est posée tout au long de la crue des eaux : comment est-ce qu’on peut se rendre là?

Dominic Vallières

Beaucoup de facteurs ont été analysés; peu ou pas de simulation de crues et de ses effets sur des quartiers entiers et le manque général d’informations sur les zones à risque.

On a, je trouve, peu parlé de pourquoi trouve-t-on autant de maisons dans ces mêmes zones. Pour beaucoup, c’est du manque de planification urbanistique. Mais il y a une autre dynamique en jeu.

En politique, rien n’est certain. On ne peut garantir une victoire. Mais il y a certains éléments qui aident à l’entrevoir. Du nombre, on pense à la bonne gestion des finances. Écrire un budget à l’encre noire est gage d’un plus grand succès qu’à l’encre rouge. Et pour le faire, on peut réduire les dépenses ou augmenter les revenus. Comme les villes et les municipalités sont limitées dans les taxes qu’elles peuvent empocher, on se rabat souvent sur le foncier. Plus de gens construisent de maisons, plus elles rapportent de l’argentaux municipalités. C’est une logique facile à comprendre et — en prime! — ça permet d’offrir plus de services à la population. C’est gagnant pour le maire, qui peut se féliciter d’avoir augmenté les revenus de sa ville, gagnant pour le citoyen, qui jouit de meilleurs services et gagnant pour le promoteur immobilier, qui a vendu ses lots.

Sauf quand c’est fait sans planification, sans l’avis — parfois contre l’avis — des urbanistes, cela donne ce qu’on a vu le mois dernier. De belles maisons, qui rapportaient beaucoup de taxes à leur ville et qui sont inondées.

C’est une logique simple, l’argent. Elle permet souvent de se faire réélire, l’argent. Mais qui aujourd’hui peut féliciter des élus qui, pendant des décennies, n’ont eu une vision que pour les quatre prochaines années?

Et difficile de reprocher à des politiciens morts depuis longtemps d’avoir manqué de vision.

On peut, par contre, se dire qu’on est à l’an 0 des inondations au Québec. Qu’il y a un avant et un après 2019. L’occasion est malheureuse, mais elle est là.