Sous un soleil radieux et une rare journée sans vent dans la plaine de Rivière-Ouelle, une centaine d’élèves du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière ont contribué à la plantation d’arbres sur les terres des Tourbières Lambert, les 10 et 11 mai derniers. L’objectif était de munir certaines terres de haies brise-vent ou de doter certaines d’entre elles de bandes riveraines élargies.
Près de 3000 arbres sur presque 8 km, à différents endroits. La tâche était phénoménale, mais la main-d’œuvre plus que motivée. Sous l’impulsion du groupe Action pour le monde, une centaine d’élèves du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière ont ainsi été recrutés pour réaliser cette activité de reboisement social sous la supervision de la coopérative Arbre-Évolution.
Par petits groupes de 20 à 25, présents chacun le temps d’une demi-journée, ils se sont succédé dans la plantation de feuillus, conifères et arbustes, autant d’espèces qui lorsqu’elles auront atteint leur pleine maturité dans les champs des Tourbières Lambert, préviendront l’érosion des sols par le vent, en plus de limiter l’apport de sédiments gorgés d’azote, de phosphores ou des pesticides dans les cours d’eau.
« Nous sommes très contentes d’avoir réussi à mobiliser autant d’élèves. Dans quelques années on va regarder ces arbres grandir et on pourra dire que c’est nous qui les avons plantés. Ça donne aussi l’occasion aux élèves de travailler la terre, ce que plusieurs n’ont pas l’occasion de faire régulièrement », mentionnait Marine Caillouette, élève de 5e secondaire, au nom des quatre autres jeunes filles membres du comité Action pour le monde.
Depuis qu’il a pris naissance entre les murs du Collège, ce petit groupe cumule les actions positives aux répercussions concrètes : cartes pour les aînés à Noël, projet de triage des déchets à la cafétéria ou réouverture de la friperie scolaire, pour ne nommer que ceux-là. Informées de l’existence d’Arbre-Évolution par le parent d’une des membres du groupe, elles sont entrées en contact par elles-mêmes avec la coopérative afin d’offrir leurs services pour un projet de reboisement social. Le synchronisme ne pouvait pas être meilleur, celui aux Tourbières Lambert étant dans l’écran radar de la coopérative à court terme et à proximité du Collège.
« Une des missions les plus connues d’Arbre-Évolution est le reboisement social. On ne pouvait pas refuser une offre comme celle-là. On leur a dit qu’on avait besoin d’une centaine de personnes. Elles sont parties avec ça, elles ont obtenu les autorisations nécessaires de la direction et des enseignants et elles ont réussi à recruter tous ces jeunes en à peine quelques jours », ajoute Marie-Christine Lee, chargée de projets chez Arbre-Évolution.
Projet régional
Bien avant l’entrée en jeu du groupe Action pour le monde, Arbre-Évolution avait été sollicitée par le Groupe conseil agricole (GCA) de la Côte-du-Sud pour réaliser cette plantation aux Tourbières Lambert. L’organisation mène un projet chapeauté par le MAPAQ qui vise à regarder les pratiques culturales des agriculteurs du bassin de la rivière Ouelle, comme le travail du sol, la couverture de sol hivernale, la qualité des bandes riveraines ou toutes autres initiatives visant à prévenir la sédimentation des cours d’eau à proximité par l’érosion du sol.
Selon Amélie Martin, conseillère en agroenvironnement chez GCA Côte-du-Sud et responsable du plan d’aménagement, plusieurs autres producteurs agricoles participent activement au projet, mais le déploiement vécu aux Tourbières Lambert est particulièrement costaud par le nombre d’arbres et arbustes plantés, mais aussi la distance couverte. L’investissement, 50 000 $ au total, avec une partie financée par le MAPAQ, frappe aussi l’imaginaire.
« Tourbières Lambert a vraiment démontré beaucoup d’ouverture pour le projet. La beauté de la chose, c’est qu’il y a déjà eu beaucoup de plantations similaires effectuées à Rivière-Ouelle par le passé qui nous permettent aujourd’hui de bien envisager ce à quoi ça ressemblera sur le site dans 20-25 ans », ajoute-t-elle.
Corridors fauniques
Plus que de simples bandes riveraines ou haies brise-vent, la plantation réalisée aux Tourbières Lambert s’inscrit dans un autre projet, celui des corridors fauniques que mène l’organisme de bassins versants OBAKIR au Kamouraska. Lorsque les arbres et arbustes auront atteint leur pleine maturité, ils promettent de rendre de beaux services écologiques de l’avis d’Antoine Plourde-Rouleau, chargé de projet chez OBAKIR.
D’une part, ces arbres et arbustes aideront à restaurer une forme d’habitats pour les oiseaux champêtres, dont les populations sont en chute libre au Québec et ailleurs dans le monde, alors qu’ils sont pourtant de bons alliés des agriculteurs par leur capacité à se nourrir d’insectes nuisibles aux cultures. D’autre part, ils seront un refuge idéal pour les insectes pollinisateurs, dont la migration n’excède pas les 100 ou 200 m, mais qui se font rares lorsque les champs à perte de vue sont vierges et dépourvus de végétation.
« Travailler la connectivité écologique entre les parcelles, c’est bien, mais favoriser aussi la connectivité à l’intérieur d’une même parcelle est tout aussi important. C’est pourquoi on s’allie avec le GCA Côte-du-Sud pour notre projet, car c’est le même genre d’aménagement qu’on cherche à réaliser et que nos objectifs, bien que différents, cherchent finalement à améliorer le même environnement. »