Deux municipalités du Kamouraska, Mont-Carmel et Saint-Pacôme, ont donné leur appui à l’organisme Unis pour la Faune (UPF) par voie de résolution lors de récentes réunions de leur conseil municipal. Créé quelques jours avant les Fêtes, l’UPF fait actuellement le plein d’appuis dans les municipalités rurales afin de forcer le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) à revoir son plan de gestion du cerf de Virginie.
Luc Brodeur et François Pelletier sont les deux cofondateurs de l’UPF. Tous les deux passionnés de chasse, François est technicien de la faune de formation, et Luc, technicien agricole. Ils s’intéressent depuis plus de 15 ans à ce qu’ils qualifient de problématique de gestion de la faune au Québec. Leur opinion à ce sujet s’est forgée à partir de leur expérience de chasseur sur le terrain, mais également à travers diverses formations suivies auprès de doctorants en biologie du côté sud de la frontière.
L’expertise et les connaissances qu’ils ont acquises font qu’ils multiplient conférences et pressions politiques depuis une dizaine d’années pour pousser le MFFP à revoir son plan de gestion du cerf de Virginie. Ils ont même décroché en 2012 une rencontre auprès d’Yves-François Blanchet, alors ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs et des biologistes du Ministère.
« Cette rencontre nous a servi à exiger un protocole de recherche sur la restriction de la taille légale des bois pour la chasse du cerf de Virginie (RTLB) en Zone 6 (Estrie). Le projet est en place depuis quatre ans et les résultats sont concluants », dit Luc Brodeur.
Le RTLB consiste à limiter la récolte des cerfs mâles adultes à ceux possédant un panache avec au moins trois pointes de 2,5 cm d’un côté. Différents médias de la Beauce et de l’Estrie ont depuis rapporté des résultats prometteurs en lien avec cette approche.
Selon Luc Brodeur, l’application du RTLB aurait permis notamment d’augmenter la récolte des jeunes mâles qui atteignent l’âge de 2 ans et demi et plus à plus de 70 % en Zone 6. L’UPF aimerait que ce ratio de récolte soit le même dans toutes les zones de chasse, mais pour y parvenir, il faut une application généralisée du RTLB pour permettre aux cheptels d’atteindre un ratio de 55 % de mâles de 2,5 ans et plus et de 45 % de 1,5 ans.
« Où la pression est plus forte, on joue entre 1,5 et 2 chevreuils au kilomètre carré. On se retrouve avec trop de femelles et pas assez de mâles. La période de mise bas est deux à trois fois plus longue, ce qui a des effets très négatifs sur le cheptel. Nos mâles sont plus fragiles et trop faibles quand l’hiver se pointe. Soit ils ne passent pas à travers, soit ils sont la proie des prédateurs », poursuit Luc Brodeur, qui dit baser ses observations sur 10 années de recherches, entre autres en Zone 6, avant et après l’application du RTLB.
Une application généralisée du RTLB permettrait de rééquilibrer les ratios mâles/femelles autour de 50/50, d’avancer l’UPF. L’organisme réclame donc au MFFP de presser la mise en place de cette mesure dans toutes les zones de chasse du Québec et de corriger le tir rapidement au chapitre de son plan de gestion du cerf de Virginie, en ramenant notamment le nombre de chevreuils par chasseurs à un au lieu de deux.
Une centaine de municipalités auraient déjà adopté des résolutions en appui à l’UPF, comme celles entérinées à Mont-Carmel et Saint-Pacôme récemment, d’indiquer Luc Brodeur. « Si on n’agit pas maintenant, on va tuer à petit feu ce sport qui est un élément important de l’économie des petits villages ruraux », conclut-il.