Des tapas et des souvenirs… discussion entre les comédiens de Cormoran

Le Manoir Taché de Kamouraska ayant servi au tournage de Cormoran avec la pancarte portant le nom du village du téléroman. Photo : Maxime Paradis.

Le Placoteux s’est incrusté dans une discussion entre quelques comédiens de Cormoran — Claude Prégent (Viateur Bernier) Normand Lévesque (Hippolyte Belzile), Guy Migneault (Germain Lafond), Francine Ruel (Donatienne Belzile) et Mireile Thibault (Angélique Lafond) —, réunis à Kamouraska dans le cadre de l’inauguration de l’exposition Kamouraska fait son cinéma du Moulin Paradis, maintenant propriété du Musée régional de Kamouraska. Entre deux tapas préparés par le Jardin du Bedeau s’est succédée une enfilade de réflexions sur le métier et de souvenirs de tournages entre les comédiens, heureux de se retrouver après 30 ans.

Guy Migneault (GM) : Quand on tourne dans une production durant des années, à la fin on se dit toujours qu’on va s’organiser pour se revoir et ç’a n’arrive jamais. C’est grâce au métier qu’on se retrouve sur un autre projet.

Normand Lévesque (NL) : Tu peux travailler avec la même personne sur cinq projets de suite et après être 15 ans sans la revoir ou pas du tout.

Mireille Thibault (MT) : Ce qui est merveilleux, c’est que lorsqu’on s’est perdu de vue longtemps et qu’on se revoit, on se retrouve comme si on ne s’était jamais quitté. La complicité qui s’était installée quand on a joué est restée là.

Claude Prégent (CP) : Ça fait aussi plaisir de revoir des gens qui ont fait de la figuration ou qui nous ont simplement accueillis dans la région lors du tournage, il y a 30 ans. On ne peut pas s’imaginer que, 30 ans après, les gens sont encore attachés autant que ça à cette série-là. C’est une des séries dans laquelle j’ai eu le plus de plaisir d’acteur à jouer. De me retrouver ici, ça fait vraiment chaud au cœur.

Francine Ruel (FR) : Je ne me souvenais pas qu’ici (Manoir Taché), c’était si près du village.

NL : Moi, dans mon souvenir, le manoir était plus près de la route.

MT : La première année, les clôtures du portail (du manoir) étaient en plastique moulé. Ce n’est que la deuxième année qu’elles ont été faites en « dur ».

NL : Quand je retourne à Rimouski, je fais toujours un pèlerinage en passant par ici. C’est une obligation, c’est trop beau. L’hiver, c’était tellement blanc, pratiquement aveuglant, mais d’une beauté ! La blancheur immaculée de la neige, l’hiver, alors qu’à Montréal c’est brun, j’en garde des souvenirs impérissables. Je n’ai jamais été capable de retrouver cette blancheur.

FR : On a tourné qu’un seul hiver, c’était trop compliqué à l’époque. On tournait des semaines l’été et l’automne. On démarrait des scènes, c’était formidable ! On stationnait nos voitures quand on venait voir Bella (Nicole Leblanc), on sortait, on montait les marches, on sonnait à la porte, on entrait et ça se terminait là. On tournait la suite en studio à Montréal. Mais les raccords, les gens ne comprennent pas ça, mais c’était incroyable. Quelqu’un notait si on avait pris la poignée de la porte de la main droite ou de la main gauche, si le sac à main était en dessous du bras… Parce que lorsqu’on rentrait, ça devait être la suite logique et tout devait fonctionner avec ce qui avait été vu précédemment à l’extérieur.

MT : On ouvrait la porte en juillet et on la refermait en décembre ! (rires)

FR : En passant, il y avait un trou dans ma voiture. Elle était manuelle et chaque fois que je devais changer de vitesse, je me disais : « Je vais passer à travers le trou ! » J’avais tout le temps peur et il ne fallait pas que ça paraisse, la caméra était là et elle filmait. Mais je me disais toujours : « Oh my god ! Il va arriver un accident, c’est sûr. » Personne n’a été blessé ? (rires)

CP : Moi, j’avais une belle carriole avec un cheval immense…

MT : Moi, mon cheval, il s’est déjà emballé ! J’avais la carriole et des paquets dedans ! On avait répété plusieurs fois l’aller-retour et tout allait bien. Au moment de tourner, le cheval décide de faire à sa tête et prend le mors aux dents. Il s’est mis à continuer sur l’allée en direction du champ à côté. Tout ce qu’il y avait dans la carriole est parti dans les airs ! Là, je me disais : « Mais qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vais faire ? » Finalement, j’ai lâché les rênes sur le dos et je les ai repris en faisant un « oh ! » Il s’est calmé. Celui qui s’occupait du cheval a eu le culot de me dire après : « Je savais qu’il allait vous tester ! »

FR : De l’extérieur comme ça où on faisait plusieurs prises, ça ne se fait plus. On ne cumulait pas les prises parce qu’on se trompait, mais pour peaufiner, travailler les personnages, aller dans le détail.

CP : Il faut dire que tourner en extérieur, je ne sais pas pour vous, mais pour moi, c’est tellement plus facile de me croire. Ici, je me suis cru pendant quatre ans !

NL : C’est un des beaux projets de télévision qu’on a eus et on n’en aura plus jamais des comme ça…

CP : La qualité de l’écriture, la qualité de la réalisation, l’histoire et cette région…

MT : Le Kamouraska… c’était un personnage en soi !