Deux ans après la marche qui a mobilisé des milliers de personnes dans les rues de La Pocatière pour le maintien des services à l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima, le préfet de la MRC de Kamouraska et le maire de La Pocatière demeurent alertes quant à l’avenir des soins de santé dans la région.
Les gains ont été minimes, mais les deux élus sont tout de même optimistes. D’une part, le préfet Yvon Soucy croit qu’il y un changement de ton dans l’approche gouvernementale sur la gestion du système de santé. « On aimerait toujours que les choses avancent plus rapidement, mais on sent bien que la nouvelle ministre de la Santé Danielle McCaan et notre députée Marie-Eve Proulx souhaitent une gestion plus humaine du réseau, pas seulement dans la région, mais partout au Québec. Il faut leur laisser le temps de mettre les choses en place », déclare-t-il.
De son côté, le maire de La Pocatière Sylvain Hudon estime que le gouvernement et le CISSS du Bas-Saint-Laurent sont sensibles à l’importance du maintien de l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima dans le milieu. « Mais il faut tout de même demeurer vigilant », enchaîne-t-il.
Réveil collectif
Pour Yvon Soucy et Sylvain Hudon, la problématique des anesthésistes qui revenait de façon récurrente dans l’actualité il y a deux ans a été la bougie d’allumage de toutes les actions qui ont découlé par la suite sur le plan politique et citoyen. « Je qualifierais ça de réveil collectif. C’est comme si du jour au lendemain on a réalisé qu’on avait des soins de santé de qualité qui étaient donnés dans la région, qu’ils commençaient à s’effriter et qu’on tenait à les conserver. Mais à la base, il n’en demeure pas moins que c’est un mouvement citoyen qui a été la bougie d’allumage de tout ça », de résumer le préfet.
Cette initiative citoyenne, elle s’est consolidée suite à la marche autour du comité Mes soins restent ICI. Politiquement, la mobilisation des élus kamouraskois a débuté par une pétition demandant le maintien des soins de santé au Kamouraska. Lors de son dépôt à l’Assemblée nationale en juin 2017, cette dernière avait récolté près de 9000 signatures.
Dans les jours suivants, un mémoire contenant une quinzaine de recommandations sur l’avenir des soins de santé était déposé auprès de l’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette et la présidente-directrice générale du CISSS du Bas-Saint-Laurent Isabelle Malo. Dans la foulée, un « comité santé » composé d’élus de la MRC a été mis en place. « Il y a eu des rencontres avec le CISSS où on a manifesté notre désir d’être davantage consulté dans la mise en place de la planification stratégique de l’établissement. Ce qu’on a senti, c’est que les commandes venaient surtout du Ministère et que la pdg du CISSS avait peu de latitude », d’ajouter Yvon Soucy.
Des gains?
Deux ans plus tard, les élus kamouraskois ne se considèrent pas moins mobilisés, mais ils ne pensent pas que les gains ont été si significatifs non plus. La centralisation administrative vers Rimouski a déplacé le corridor de services vers l’Est pour la majorité des usagers du réseau de la santé au Kamouraska. Ce dernier était pourtant plus naturel vers l’Ouest en ce qui a trait aux services offerts par les médecins spécialistes, étant donné la position de l’hôpital de La Pocatière, à cheval sur deux régions administratives.
Si la problématique des anesthésistes s’est réglée l’an dernier avec l’entente intervenue entre le gouvernement libéral de Philippe Couillard et les médecins spécialistes, Yvon Soucy et Sylvain Hudon ont encore le sentiment que la réforme des dernières années dans le réseau a été trop administrative et pas suffisamment orientée vers les besoins des usagers. « Quand des gens malades, qui sont déjà vulnérables, doivent voyager vers Rivière-du-Loup pour avoir accès à des services, alors qu’ils ont un hôpital à proximité qui pourraient les offrir si on réorganisait la structure, c’est là qu’on se rend compte que les décisions qui ont été prises n’étaient pas dans leur intérêt », de conclure le maire de La Pocatière.
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