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Du fromage en grains pour limiter la disposition des surplus de lait

Photo : Courtoisie Pascal Hudon.

À l’instar d’autres producteurs de lait du Québec, Pascal Hudon de la Ferme Lizovais a réutilisé une partie de ses surplus de lait pour produire un peu de fromage en grains. Le producteur laitier de La Pocatière demeure toutefois conscient que ce n’est pas le fromage en crottes qui va éviter à lui seul de jeter tous les surplus actuellement produits à la grandeur de la province. 

20 litres de fromage en grains, c’est la quantité que Pascal Hudon et son père Gervais Hudon, copropriétaire de la Ferme Lizovais, ont produit. L’entreprise possède 55 vaches en lactation et produit actuellement 40 litres de lait en trop, par jour.

« C’était une première expérience, mais nous ne sommes pas installés pour en faire beaucoup. On va essayer de se faire du beurre aussi, pour notre consommation personnelle », explique le producteur qui, visiblement, est préoccupé par tous ces surplus de lait dont il doit aujourd’hui disposer. Cette situation, rappelle-t-il, se vit partout au Canada et ailleurs dans le monde.

La demande en produits laitiers a de beaucoup diminué ces derniers jours en raison de la COVID-19. Dans une vidéo publiée le 3 avril dernier sur la page Facebook des Producteurs de lait du Québec, la directrice Recherche économique Geneviève Rainville parle d’une augmentation des volumes de vente de lait et de yogourt qui a été observée un temps dans les supermarchés, dans les premiers jours qui ont suivi l’éclatement de la crise du coronavirus. Par la suite, la demande a chuté, une baisse qui s’est fait surtout sentir du côté des HRI (hôtels, restaurants, institutions), dont plusieurs établissements sont actuellement fermés et qui représentent, en temps normal, 35 % des parts de marché au Québec. La part de la vente au détail s’élève habituellement, quant à elle, autour de 55 %.

À cela s’ajoute une quantité de lait transformée en usine qui n’est pas optimale en raison des contraintes liées, encore une fois, à la COVID-19, selon Pascal Hudon. Au final, les producteurs se retrouvent donc dans l’obligation de disposer, c’est-à-dire de jeter le lait produit sur leurs fermes.

« Le lait est une matière périssable, donc les possibilités de stockage sont limitées dans le temps. Ce n’est pas comme le sirop d’érable dont le Québec dispose d’une réserve stratégique et qui peut être conservé beaucoup plus longtemps », ajoute-t-il.

Produire plus de beurre et de fromage est au nombre des solutions qu’avance Pascal Hudon, dans les circonstances. Ces avenues seraient aussi étudiées par les Producteurs de lait du Québec. Des dons en produits laitiers, pour l’équivalent de 2 millions de litres ont aussi été réalisés récemment auprès du réseau des Moissons du Québec, indique Geneviève Rainville dans la vidéo. D’autres doivent suivre dans les prochaines semaines.

Il n’en demeure pas moins que les Producteurs de lait n’ont d’autres choix que de demander à leurs membres de diminuer le plus possible leur production, en avril. Ils recommandent, entre autres, de revoir la ration alimentaire des animaux et de devancer les tarissements, cette période où la vache cesse de produire du lait avant de mettre à bas, afin de limiter la disposition du lait. Les producteurs pourront tout de même produire 100 % du quota qui leur alloué, mais toute production additionnelle sera considérée comme hors quota et une pénalité sera appliquée sur ces livraisons, précise Geneviève Rainville.

« Si tous les producteurs font leur petit effort de guerre, on va pouvoir limiter les pertes à court terme, mais c’est sûr que de voir son ouvrage jeté en partie comme ça, ça fait toujours mal au cœur », conclut Pascal Hudon.