Éditorial : Le terre-à-terre

Bernard Généreux lors de sa victoire à La Pocatière le 21 octobre dernier. Photo : Maxime Paradis.

On devait veiller tard lundi soir. Pourtant, le conservateur Bernard Généreux a dominé tout le long de la soirée et a gagné ses élections dans Montmagny—L’Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup plus facilement que jamais.

Tous ceux qui suivent la politique ont été surpris. Non pas de la victoire de Bernard Généreux, mais de la victoire facile de Bernard Généreux. Les sondages prévoyaient une lutte serrée à l’avantage de Louis Gagnon du Bloc québécois. De près aurait dû suivre le libéral Aladin Legault d’Auteuil.

Les fédéralistes qui ne voulaient pas du Bloc québécois se sont ralliés à Bernard Généreux et ont délaissé le Parti libéral au moins le temps d’une élection. Les gens n’ont pas connecté avec le candidat du NPD Hugo Latulippe.

Certains ont oublié l’avortement, le français douteux d’Andrew Scheer et le pétrole pour choisir le gars de terrain, le terre-à-terre Bernard Généreux.

J’ai rencontré Bernard Généreux quelques jours avant le vote pour une entrevue de campagne. Le mot terre-à-terre m’est venu en tête tout le long de cet entretien.

Lorsque je lui ai parlé d’électrification des transports, il m’a parlé des tracteurs des agriculteurs qui sont loin d’être électriques pour le moment. Lorsque je lui ai parlé d’immigration, il m’a parlé de ce qui se faisait dans la région et de quelles façons son équipe a réglé bien des dossiers. Lorsque je lui ai parlé de téléphonie cellulaire, il m’a démontré comment une de ses employés travaillait pratiquement à temps plein sur le dossier. Il m’a dit que sur le terrain, les gens ne lui parlaient pas de ses votes à Ottawa.

Et oui, il m’a parlé de ses tournées d’organismes, d’entreprises et ses cliniques de passeport. Ce qui peut paraître « drôle » et « amusant » pour certains représente finalement ce qui lui a permis de gagner ses élections.

Les électeurs de la région n’ont pas voté sur les débats nationaux, la loi 21 du Québec et les accords commerciaux. Ils ont voté pour le gars qui a eu l’énergie de leur donner de l’attention depuis quatre ans et qui a essayé de leur faire sauver une couple de mille piastres dans leurs projets.

Ils ont déterminé que le gars avait fait une « pas pire » job, même s’il était dans l’opposition et ils ont décidé, après avoir suivi la vague orange du NPD en 2011 et la vague caquiste en 2018, de garder un peu de stabilité cette fois-ci.

Bernard Généreux entame ce mandat avec plus de confiance que la dernière fois en 2015, alors qu’il avait dû aller en recomptage judiciaire pour l’emporter sur la libérale Marie-Josée Normand.

Mais attention, il n’a pas obtenu la confiance de Rivière-du-Loup. S’il a obtenu de fortes majorités dans Montmagny, L’Islet et Kamouraska, il a perdu ses élections dans Rivière-du-Loup, qui lui ont préféré le bloquiste Louis Gagnon. En ce début de mandat, si court risque-t-il d’être, une évaluation de la situation dans cette région s’impose.