L’idée que la Chambre de commerce Kamouraska—L’Islet fusionne avec celle de Montmagny n’est pas nouvelle. À l’époque où il était député de Côte-du-Sud, le libéral Norbert Morin avait lui-même suggéré la chose : un comté, une chambre.
Deux ans et demi plus tard, pas surprenant que l’idée refasse surface. D’une part parce que l’ancienne attachée politique de M. Morin, Mireille Thibault, se trouve aujourd’hui à la barre de la Chambre de commerce de Montmagny (CCM). D’autre part, parce que la nouvelle directrice générale de la Chambre de commerce Kamouraska—L’Islet (CCKL) Nancy Dubé est originaire de Saint-Damase dans L’Islet, cette MRC « sandwich » entre les deux pôles économiques que sont Montmagny et La Pocatière, et qui fait aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises par les deux chambres.
Le préfet de L’Islet René Laverdière voit d’un bon œil que le Cocktail Prestige Desjardins de la chambre de Montmagny donne un prix aux entreprises l’isletoises et que la chambre de Kamouraska-L’Islet soit en opération charme auprès des entreprises de L’Islet. « Qu’on s’intéresse autant à nous, tant mieux, ça peut être que positif pour les entreprises de notre territoire. On s’était senti oublié pendant un bon moment », avait-il avoué récemment lors de la conférence en lien avec l’édition 2019 du Cocktail Prestige Desjardins.
Mais au-delà de ce grand jeu de séduction qui s’opère actuellement dans L’Islet et qui pourrait donner l’impression d’une démarche de marquage de territoire, y’a-t-il un désir mutuel de fusion pour les Chambres de Montmagny et de Kamouraska—L’Islet? Tout le monde sous le même parapluie chasserait peut-être cette image? Du côté de la CCM, la directrice Mireille Thibault et le président Frédéric Corriveau ont été avares de mots lorsque questionnés sur le sujet lors du point de presse du Cocktail Prestige Desjardins. À la CCKL, la directrice Nancy Dubé et le président Vincent Bérubé parlent plus de collaborations.
Quels avantages?
Collaborer. Avouons que l’approche n’est pas mauvaise. Avant le mariage vient toujours une période de fréquentations et un des meilleurs terrains pour expérimenter l’union, outre l’organisation d’événements en commun, est assurément celui de la politique. À ce chapitre, les deux chambres auraient tout intérêt à parler d’une seule et même voix sur certains sujets. Toutefois, il semble que ce créneau ne soit pas celui sur lequel la Chambre de commerce Kamouraska—L’Islet entend tabler. Selon eux, celui-ci serait plus la chasse gardée de la Chambre de commerce de Montmagny, selon Nancy Dubé et Vincent Bérubé, alors que Kamouraska—L’Islet voudrait davantage axer sur les services aux membres. Une forme de complémentarité, quoi!
Mais revenons aux entreprises de Montmagny, de L’Islet ou de Kamouraska. À quoi s’attendent-elles de leur Chambre? Des services, ou la défense de leurs intérêts auprès des élus, entre autres? Si un est plus important que l’autre, ladite entreprise a toujours le loisir d’adhérer à la Chambre de son choix, et cela, même si elle n’est pas théoriquement sur son territoire. Autrement, se retrouve-t-elle devant le dilemme de devoir payer deux memberships pour avoir accès à des services avantageux et être représentée adéquatement auprès des instances politiques régionales et nationales? La complémentarité, c’est bien, mais s’il y a possibilité de tout trouver au même endroit et de payer qu’une seule fois, une entreprise serait bien folle de s’en priver!
Comprenons-nous bien, une fusion entre la Chambre de commerce de Montmagny et de Kamouraska—L’Islet ne devrait pas être évaluée que sur le seul critère du coût du membership pour une entreprise. Plusieurs discussions devraient avoir lieu afin que les bénéfices pour les membres, la représentativité territoriale sur le conseil d’administration et le maintien des points de services actuels ou même l’ajout d’autres soient bien évalués avant d’envisager quelconques fiançailles. Et en étant le liant entre les deux tranches de pain du sandwich, L’Islet pourrait assurément assumer le rôle d’entremetteur si elle en venait à juger qu’un tel regroupement serait à l’avantage de tous.