Éditorial – Le rêve américain « made in » Kamouraska

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le rêve américain a la vie dure. Vous savez, cet idéal du petit bungalow en banlieue pour y élever sa famille, aménagé d’une entrée asphaltée pour y stationner son gros VUS et entouré d’une belle pelouse verdoyante entretenue jalousement par le propriétaire des lieux. (À lire également : Nouveaux arrivants recherchent maison de campagne désespérément et Pénurie de maisons de campagne en location : la MRC de Kamouraska préoccupée).

À l’image de l’Amérique du Nord, le Kamouraska n’échappe pas au rêve américain. Aujourd’hui porté par une génération de néo-ruraux à la recherche d’une meilleure qualité de vie, il s’ajuste aux valeurs des jeunes d’aujourd’hui, mais sans nécessairement modifier les bases de son ADN.

En effet, comme les générations qui les ont précédées, les nouveaux arrivants qui choisissent le Kamouraska, souvent des Milléniaux âgés entre 18 et 35 ans, rêvent toujours à la maison, le terrain qui va avec et la voiture. Certaines variables se sont juste ajoutées, de telle sorte qu’on peut pratiquement parler d’un rêve américain « made in » Kamouraska.

La maison de banlieue dans un quartier résidentiel de La Pocatière ou Saint-Pascal? Bof… Idéalement, elle doit être en zone rurale, dans un rang numéroté du Haut-Pays. La pelouse d’un vert immaculé exempte de pissenlits? Pas très écolo. Il faut un terrain assez grand pour y faire un potager et y installer un poulailler, si le cœur leur en dit. Et la belle entrée asphaltée? À quoi bon? La priorité est plutôt une borne de recharge pour leur voiture électrique!

Autre temps, autres mœurs

Voilà une image un peu stéréotypée des nouveaux arrivants qui choisissent de s’installer dans le doux pays, mais qui fait clairement la démonstration que les priorités d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui. Cependant, il semblerait que la région au sens large n’a pas été en mesure de bien cerner ce changement de valeurs chez les néo-ruraux, de telle sorte que la maison de campagne en location serait maintenant en voie de disparition.

Pourtant, un sondage réalisé l’an dernier par Visages régionaux, auprès de 2000 personnes âgées entre 18 et 37 ans, indiquait plutôt clairement les désirs de ces migrants. « L’intention principale d’un jeune migrant est la recherche d’un mode de vie, comme la simplicité, la tranquillité, avoir du temps, la recherche de l’espace, de la nature ou même vivre de nouvelles expériences », énumérait Marie-Ève Arbour, présidente-directrice générale de Visages régionaux. À la lumière de ces constats, le Kamouraska se doit de réfléchir à son offre en habitation s’il désire demeurer attractif auprès de cette clientèle scolarisée issue des milieux urbains, prête à migrer chez nous et dont les employeurs de la région ne peuvent se passer dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.

Comme le mentionnait le directeur général de la MRC de Kamouraska, M. Yvan Migneault, l’ensemble des municipalités du territoire travaille actuellement à une révision de leurs règlements en matière d’urbanisme. « Il y a là une belle opportunité pour revoir la réglementation qui pourrait permettre des projets d’habitation novateurs », confiait-il. Dans ce contexte, pourquoi ne pas se permettre de réfléchir à des parcs de mini-maisons dans nos milieux urbains, dotés de grands jardins communautaires réservés à l’usage exclusif des habitants du quartier? Ou des blocs appartements aux toits verts adaptés à l’agriculture urbaine?

On peut toujours se permettre de rêver, mais toujours est-il qu’on devra être proactif et imaginatif si on désire rester attractif, car si l’offre proposée ne correspond pas à la demande, attirer, accueillir et retenir de nouveaux arrivants sera beaucoup plus ardu dans le futur.