Les maires du Kamouraska et de L’Islet ont beau ruer dans les brancards, il serait surprenant qu’ils obtiennent gain de cause contre Desjardins et qu’ils conservent leurs guichets automatiques. Ils devraient plutôt se tourner vers d’autres solutions.
Cela fait des années que Desjardins essuie des critiques dans plusieurs villages qui ont perdu leurs services. Pas besoin d’aller trop loin, nous n’avons qu’à penser au Témiscouata ou dans les Basques. Kamouraska et L’Islet n’étaient que les prochaines régions sur la liste.
La seule différence, c’est que leurs discours ont attiré l’attention de la province et ont été partagés par d’autres représentants de petites municipalités du Québec qui vont subir les mêmes coupures de services en même temps. La suggestion des maires de Saint-Roch-des-Aulnaies et Sainte-Louise de tenir des soupers méchouis pour payer le guichet, ironique, mais qui frappait l’imaginaire, a eu le mérite d’attirer l’attention. Devant le tollé, Guy Cormier, président de Desjardins, semble avoir montré une certaine ouverture, mais il reste qu’officiellement, il en revient aux Caisses locales de décider du sort des services. Mais de là à faire marche arrière… l’histoire des dernières années démontre que bien peu – sinon pas – de mouvements populaires ont permis de renverser des décisions, malgré tous les efforts des maires et des citoyens.
Des traces
Reste que le débat de cet hiver laissera des traces. La fermeture de l’Épicerie du Village à Saint-Roch-des-Aulnaies justifierait la fermeture du guichet automatique, a sous-entendu le représentant régional de Desjardins à la radio de Radio-Canada. Les gens n’ont plus besoin d’argent dans le guichet, puisqu’ils ne consomment plus sur place… Ce raisonnement simpliste, qui a probablement eu du sens aux oreilles du public plus urbain, en a piqué plus d’un dans la région.
Maintenant, quelles solutions? La Caisse Desjardins de l’Anse de La Pocatière a été claire, on a décidé de maintenir les décisions et on a même refusé un sursis au maire de Saint-Roch-des-Aulnaies le temps qu’il se fasse entendre auprès du président de Desjardins.
Qu’en est-il donc du bus-mobile? Desjardins a assuré, lorsqu’elle a présenté l’an dernier son autobus qui servira de caisse mobile dans la région, qu’il ne s’agissait pas d’une solution aux fermetures de centres de service et de guichets dans les régions, Mais cet autobus qui se déplacera un peu partout dans la région à partir de l’été, avec à son bord un conseiller et un guichet, pourrait-il être un début de solution? Le territoire est grand et le fait de convaincre des utilisateurs de s’y présenter une journée par deux semaines ou par mois après avoir eu accès à des services pendant des décennies n’est pas gagné.
Quant aux guichets, les maires de village devraient-ils inviter des entreprises privées à installer des guichets ATM ? Les gens sont-ils prêts à payer 2,50 $ de frais pour retirer de l’argent ou préféreront-ils se rendre au guichet le plus près ou en profiter pour «sortir» de l’argent en consommant à l’épicerie du village? On ne règle toutefois pas le dépôt de chèques, pour tous ceux qui n’ont pas encore fait le virage sur leurs cellulaires.
La vérité, c’est que, comme on l’a vu ailleurs ces dernières années, les utilisateurs vont se résigner, s’habituer, changeront peut-être d’institutions financières s’ils ne sont pas satisfaits des récents changements, mais continueront d’utiliser les services, peu importe ce qui leur est proposé.