Deux démissions en moins d’un an au conseil municipal et un autre directeur général par intérim peut-être à trouver. À nouveau, Saint-Pacôme semble être prise à rejouer en boucle le même film auquel elle a habitué ses citoyens depuis quelques années. La petite municipalité kamouraskoise de 1600 habitants est-elle si difficile à gouverner et à administrer? En toute transparence, Robert Bérubé a accepté de répondre aux questions du Placoteux.
Le Placoteux (L.P) : Après la conseillère Nathalie Desroches qui a remis sa démission l’été dernier, essentiellement pour des raisons de santé, les citoyens de votre Municipalité apprenaient récemment que c’était au tour du conseiller Alain Desjardins de quitter le conseil municipal de Saint-Pacôme. Dans « Votre conseil vous informe » de mars dernier, vous laissez sous-entendre que le départ de M. Desjardins serait dû principalement à un choc des valeurs avec les autres membres du conseil et à de nombreux débats qui semblent s’éterniser autour de la table de travail. Quel type de climat règne-t-il au conseil municipal de Saint-Pacôme?
Robert Bérubé (R.B) : On a des débats musclés, il faut le dire, mais toujours dans le respect des autres. Il y a beaucoup de décisions qui ne sont pas prises à l’unanimité et il n’est pas rare qu’à titre de maire je doive trancher pour qu’on puisse avoir la majorité à un vote, après de longues délibérations.
(L.P) : Qu’est-ce qui explique cela, selon vous?
(R.B) : À la base, il faut dire que nous avons tous été élus par acclamation en 2017, donc il n’y a pas eu de « débat d’idées » proprement dit, comme c’est le cas lors d’une campagne traditionnelle où des opposants s’affrontent. En plus, nous n’étions pas une équipe, mais tous des candidats indépendants avec des valeurs et des priorités différentes. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Bref, comme on provient tous d’horizons différents et qu’il y a beaucoup de débats, certains dossiers prennent parfois plusieurs mois à se régler, souvent sous forme de compromis, donc pas à la satisfaction de tous.
(L.P) : Diriez-vous que c’est ce qui a motivé M. Desjardins à démissionner?
(R.B) : Je vais résumer ça de la façon suivante. À force de faire de mettre de l’eau dans ton vin, un moment donné ça ne goûte plus le vin, mais l’eau colorée. Le conseil municipal de Saint-Pacôme actuellement, c’est l’équivalent d’un gouvernement de coalition comme on peut en voir dans certains pays européens. Après 18 mois de compromis, c’est possible que certains soient tannés d’aller à l’encontre de leurs valeurs et qu’ils démissionnent. M. Desjardins, c’était un premier cas. En aura-t-il d’autres? C’est possible. (NDLR : Après avoir été contacté par Le Placoteux, M. Desjardins a précisé que ce n’était pas tant les compromis, mais tout le temps perdu à discuter afin d’en venir à des compromis qui a motivé sa décision de démissionner).
(L.P) : Devons-nous en déduire que Saint-Pacôme est une Municipalité difficile à gouverner?
(R.B) : Oui, par moment. Il y a des courants d’opinion divergents assez fort. Non seulement au sein du conseil, mais dans la population en général. En même temps, c’est ça une démocratie. Chez nous, je peux vous dire que l’exercice démocratique se fait solidement et que je ne déteste pas ça non plus. Par contre, je ne voudrais pas que ça enlève le goût à des gens de vouloir s’impliquer politiquement au sein de la Municipalité. (NDLR : L’élection partielle visant à combler les sièges #2 et #6 aura lieu le 9 juin prochain à Saint-Pacôme.)
(L.P) : En parallèle, votre directeur général par intérim aurait aussi démissionné?
(R.B) : En novembre dernier, notre directrice générale Christiane Lemire a pris une année sabbatique. Nous avons cherché une ressource pour la remplacer durant ce congé. Le Conseil a retenu un candidat qui manifestement ne répondait pas à toutes nos exigences. Je ne peux en dire plus pour le moment, car nos discussions ne sont toujours pas terminées sur ce sujet.
(L.P) : Saint-Pacôme n’est pas la seule municipalité de la région à avoir de la difficulté à trouver ou à conserver de bons directeurs généraux, mais force est d’admettre que la situation est récurrente chez vous depuis quelques années. Pourquoi?
(R.B) : Parfois, c’est une question de compétences, mais il y a aussi les relations que le directeur général entretien avec le conseil, le maire ou la population qui peuvent expliquer en partie ce que nous vivons. À Saint-Pacôme, il faut aussi dire que la situation financière difficile de la municipalité a été un facteur qui a pesé lourd chez d’anciens directeurs généraux qui ont choisi de partir par le passé.
(L.P) : En même temps, est-ce qu’on n’en demande pas trop à nos directeurs généraux?
(R.B) : Personnellement, je crois que la fonction de directeur général est de plus en plus exigeante, surtout dans les petites municipalités où il y a peu d’employés municipaux en soutien. Je vais plus loin, je crois qu’on approche du moment où nous allons devoir nous questionner sur la continuité de petites municipalités avec sept élus et une direction générale qui exige une connaissance pointue du fonctionnement de l’appareil municipal. Le gouvernement (provincial) nous en demande toujours plus, ne l’oublions pas. Est-ce humainement possible de continuer comme ça ou ne devons-nous pas songer à nous regrouper pour mieux séparer les tâches?