Envasement au Parc nautique : Utiliser la vase pour engraisser les champs?

Feuillage des plants de betteraves en juillet. Photo : Courtoisie Christian Joncas

Quoi faire avec cette vase qui gît au milieu de la marina de Saint-Jean-Port-Joli? Christian Joncas, agriculteur biologique retraité et aujourd’hui propriétaire d’un bateau amarré au parc nautique port-jolien, croit au potentiel agronomique de ces boues qui pourraient, selon lui, être épandues dans les champs en culture de la région.

Christian Joncas n’a pas eu cette idée du jour au lendemain. Passionné d’agriculture biologique, ce retraité du domaine laitier basé à Saint-Roch-des-Aulnaies continue de s’informer sur les différentes tendances et expérimentations menées à travers le monde en matière d’élevage et de culture. Lorsqu’il a fait l’acquisition de son voilier, qu’il a amarré à la marina de Saint-Jean-Port-Joli, il a rapidement pris connaissance du problème d’envasement qui touche le parc nautique.

« Je savais qu’en Europe, on avait conduit des études sur la vase et son potentiel agronomique. La conclusion qui en ressortait, c’était qu’elle avait un potentiel de fertilisation incontestable. Ce qui restait à résoudre, c’était le transport de la vase proprement dite, car les équipements faits pour transporter du fumier ne sont pas adaptés à ce type de matière. Ensuite, il fallait aussi résoudre la question de l’épandage dans les champs, pour que ça soit économique pour les agriculteurs », résume-t-il.

Petite expérimentation

Curieux, l’amateur de voile s’est résolu à valider ces conclusions en menant une petite expérimentation à échelle humaine, dans un potager qu’il a improvisé sur une section de sa terre où le sol est réputé être beaucoup plus pauvre. L’automne dernier, il a donc transporté quelques chaudières de vase issue de la marina de Saint-Jean-Port-Joli qu’il a épandues directement sur le foin, sur une superficie d’environ 144 pi2. Au printemps, il a planté six variétés de radis et de betteraves, sans jamais enrichir ces cultures de quelconques autres intrants. Au milieu de l’été, c’est avec stupéfaction qu’il constatait les résultats.

« Si je compare les mêmes légumes qui ont poussé dans mon jardin “envasé” à ceux qui viennent de mon potager que j’ai fertilisé comme à l’habitude avec du compost, les résultats sont juste incroyables. Dans le jardin “envasé ”, j’ai obtenu des radis gros comme des œufs, beaux et doux, alors qu’ils sont habituellement coriaces à cette grosseur-là. Pour les betteraves, le feuillage est beaucoup plus abondant qu’à l’habitude. La différence est marquée », observe-t-il.

Cette petite expérimentation fait dire à Christian Joncas qu’il y a peut-être là une solution aux problèmes d’envasement des marinas, du moins pour la disposition des boues une fois drainées. Selon lui, une étude plus sérieuse, à grande échelle et avec toutes les autorisations nécessaires du ministère de l’Environnement, mériterait sûrement d’être menée, mais Christian Joncas sait bien que le financement est généralement le nerf de la guerre pour ce type de recherche.

À défaut de voir son souhait se concrétiser, l’agriculteur retraité a néanmoins trouvé une oreille attentive auprès de la chargée de projet en économie circulaire pour les MRC de Montmagny et de L’Islet, Aurélie Bousquet. Reste à savoir si des protagonistes voudront s’investir dans cette aventure.

« L’expérimentation menée par Christian Joncas est certainement intéressante, et des débouchés potentiels via l’économie circulaire seraient à investiguer. Si des acteurs concernés souhaitent l’accompagnement de la MRC pour poursuivre les expérimentations ou investigations, il nous fera plaisir de collaborer avec eux et de leur offrir notre aide », écrivait-elle

Les radis. Photo : Courtoisie Christian Joncas