Un ethnologue à bicyclette, Marius Barbeau sur la Côte-du-Sud

L’avion piloté probablement par Roméo Vachon en 1928, en panne à La Pocatière. Crédit : Archives de la Côte-du-Sud.

La Côte-du-Sud attire les ethnologues depuis plusieurs décennies en raison de la richesse de son patrimoine matériel et immatériel. On peut penser à Horace Miner qui a publié une monographie sur Saint-Denis-de-Kamouraska en 1939.

L’ethnologue, anthropologue et folkloriste Marius Barbeau (1883-1969) a contribué à faire connaître le folklore régional, mais plus encore. Après ses études classiques au Collège de Sainte-Anne, il poursuit une formation en Droit puis en Anthropologie. Au sein du Musée de la commission de la géologie du Canada, qui devient le Musée national du Canada, ce chercheur s’intéresse à la culture des Autochtones, mais aussi au folklore canadien-français.

À la demande de l’anthropologue américain Frans Boas, Marius Barbeau parcourt entre autres la région de Kamouraska pour recueillir des contes et des chansons. En 1915, il fait un séjour de trois semaines dans la région pour y récolter plusieurs  chansons et contes. En 1918, il séjourne six semaines à Notre-Dame-du-Portage et collecte dans les environs 439 balades et 63 airs de violon et de musique de danse. Son ami Charles Chapais l’aide à trouver des cultivateurs pour enrichir son corpus de chansons.

Selon l’historienne Angéline Saint-Pierre, Marius Barbeau prend le temps de visiter les villages à bicyclette. À l’été 1929,  l’anthropologue fait un arrêt à Saint-Jean-Port-Joli et y découvre un artisan hors du commun : Médard Bourgault. Dans son journal, Médard raconte que cette rencontre fut un véritable événement. À sa grande surprise, Barbeau lui achète des œuvres et en fait la promotion à Montréal auprès de la Handicrafts  Guild. Après une nouvelle visite en 1930, Barbeau fait des commandes de sculptures qu’il envoie dans divers musées canadiens. En peu de temps Médard Bourgault est d’une certaine manière devenu le protégé de Marius Barbeau. Le talent de ce sculpteur et de ses deux frères Jean-Julien et André sera d’ailleurs reconnu au Québec et au Canada à partir des années 1930.