Un technicien en éducation spécialisée à Rivière-Ouelle a eu un cheminement pour le moins inusité. Il a réussi son secondaire en huit ans sans décrocher et il a failli se retrouver dans une classe d’adaptation scolaire qui était fréquentée par des personnes ayant une déficience intellectuelle. Aujourd’hui, il aide les jeunes qui ont une déficience intellectuelle, un trouble du spectre de l’autisme ou un retard global du développement.
Le mot persévérance prend tout son sens pour Stéphane Hammond. Originaire de Sayabec dans le Bas-Saint-Laurent et aujourd’hui domicilié à La Pocatière, il a eu un parcours académique tumultueux. « J’allais à l’école, mais je ne réussissais pas. Mais j’avais toujours le plaisir d’apprendre. J’avais l’esprit combattant », dit-il. Lire était complexe pour lui. Après avoir lu une page, il faisait un dessin pour s’en souvenir. Ce n’est toutefois qu’à 40 ans qu’il a eu un diagnostic de dyslexie et dysorthographie.
Pour sa rentrée en secondaire 1, le directeur voulait le placer dans une classe d’adaptation scolaire qui était fréquentée par des personnes ayant des déficiences intellectuelles. Ses parents ont refusé. Faire son secondaire lui a pris huit ans, mais sans décrocher. Les premières années ont été difficiles. Il se faisait intimider.
« En secondaire 3, j’ai travaillé un été dans une entreprise de Baie-Comeau. L’employé du patron à la peinture a lâché et on m’a offert de me payer mon cours et de m’offrir une job à l’année. Mais j’ai dit non, je voulais aller au Cégep », se souvient-il. « Mes deux sœurs étaient allées au Cégep. Je voulais suivre le courant. J’y tenais. » Pourtant, les enseignants et le directeur de l’époque lui disaient d’oublier le collégial.
« J’allais à l’école, mais je ne réussissais pas. Mais j’avais toujours le plaisir d’apprendre. J’avais l’esprit combattant. » – Stéphane Hammond
Le vent tourne
En secondaire 3, il a 18 ans et le vent tourne. Il commence à s’impliquer dans les activités parascolaires, comme le conseil étudiant, la radio et le journal. Son enseignant en anglais, Marc-André Joubert, qui lui a enseigné sept ans, n’avait que de bons mots. « Il avait une volonté de fer. Il était parfois la risée des gens, mais il ne lâchait pas. Il nous surprenait tout le temps par le gros travail qu’il faisait. »
Avec son diplôme obtenu de justesse durant la période estivale grâce à des cours d’été, il se dirige vers le Cégep. Il fait quelques cours de Sciences humaines, mais découvre qu’il s’agit du prolongement du secondaire. Il se tourne vers un collège francophone privé en Ontario pour obtenir son DEC en relations publiques. Il ne trouve toutefois pas de débouchés pour un emploi et c’est vers l’éducation spécialisée qu’il se dirige. Comme s’il était prédestiné à aider des jeunes qui ont un parcours plus difficile, ainsi que leurs parents.
Pour des raisons professionnelles, il ne parle pas de son parcours aux parents et jeunes qu’il aide. Toutefois, son passé teinte énormément son approche de travail. Il se nourrit des progrès des jeunes. Depuis deux ans, il propose même une conférence pour les inspirer. « Si je peux permettre à un jeune de s’accrocher, ce serait bien. J’ai fait une conférence dans une école primaire et un jeune défavorisé m’a dit : “moi non plus je ne lâcherai pas”. Si cette personne-là décide de foncer, ce sera ça de gagner », a conclu Stéphane Hammond.