Gabrielle Filteau-Chiba a quitté Montréal à la mi-vingtaine, il y a déjà cinq ans, tombant en amour avec la région du Kamouraska. La traductrice s’est installée alors dans un petit refuge sur le bord de la rivière Kamouraska à Saint-Bruno. Lors d’une vague de froid à son premier hiver, elle a dû demeurer dans son petit logis pendant 10 jours, sans cesser d’alimenter le poêle à bois. Inspirée, elle a écrit le récit de ce qui devient aujourd’hui son premier livre publié, intitulé « Encabanée ».
Le roman raconte son histoire à elle, avec une part de fiction. Sa maison d’édition XYZ décrit « Encabanée » comme un voyage au creux des bois et de soi. Une quête de sens loin de la civilisation. Un retour aux sources. Le pèlerinage nécessaire pour revisiter ses racines québécoises, avec la rigueur des premiers campements de la colonie et une bibliothèque de poètes pour ne pas perdre le nord.
Lors de cette vague de froid dans sa cabane mal isolée, elle a d’abord voulu abandonner son logis. Mais sa voiture n’a pas démarré. Elle s’est « encabanée » et a écrit, alors qu’elle avait froid et qu’elle manquait de sommeil. « Il fait -40 dehors et 5 en dedans, ce n’était pas confortable. C’était tellement mal isolé et le toit coulait », se souvient-elle.
Elle a décidé d’affronter le froid le temps que ça durerait et elle a écrit pendant cette période. « J’avais assez de bouffe et assez de bois, j’ai donc décidé d’écrire. Les jours et les nuits étaient mélangés dans ma tête. L’écriture me permettait de rester concentrée. Je me sentais fragile et démunie », dit l’auteure.
S’évader
« Je voulais que les gens sachent qu’on peut sortir du moule, se mettre en danger et qu’on peut être heureux », dit-elle au sujet de son livre. « C’est aussi pour les gens qui veulent s’évader. »
Après avoir traversé la « tempête », elle a estimé qu’elle avait réussi le test et est passée en mode émerveillement. Depuis, elle a rencontré son conjoint et a eu une petite fille aujourd’hui âgée de deux ans. Elle habite toujours son coin de paradis, mais dans une plus grande maison faite de bois et qui fonctionne à 100 % avec des panneaux solaires. La maison est entourée de jardins, de serres, de poules et de lapins. La famille vise l’autosuffisance.
Elle prépare déjà une suite à son livre. « Je suis en train de faire les illustrations. Ce sera une autre saison, dans cette même continuité. De vivre ici ça m’inspire, car je parle beaucoup de la nature. La lenteur de vivre fait que je suis plus contemplative », dit-elle.
Conseillère municipale à Saint-Bruno, elle souhaite s’impliquer dans son milieu. Ses écrits sont d’ailleurs engagés et elle parle beaucoup de la nature.