Harold Bourgelas et la santé mentale

Harold Bourgelas. Photo : Christine Beaudoin

Harold Bourgelas est membre de l’organisme de santé mentale La Traversée depuis presque 30 ans. Il est un grand fanatique de sports, il s’est découvert une passion pour le théâtre, et il aime socialiser avec ses compagnons rencontrés à l’organisme pocatois. Parallèlement, il souffre d’agoraphobie, et de dyslexie, en plus de s’être remis d’une dépression majeure et d’une psychose. À travers tous ces obstacles, ce qu’il a le plus à cœur, c’est l’acceptation dans la différence. Le Placoteux est allé à sa rencontre, dans le cadre de la Semaine nationale de la santé mentale.

L’homme grisonnant se livre calmement et ouvertement en entrevue à La Traversée. Il se décrit comme étant sociable et généreux. Mais lorsqu’il exprime son désarroi envers ceux qui peinent à accepter la différence d’autrui, son visage se crispe. « Ça les fâche », dit-il, parlant des personnes ayant des préjugés envers lui. « Mais je voudrais qu’ils apprennent à connaître la santé mentale et tout ce qui est différent. »

Le Pocatois a grandement cheminé depuis son arrivée à La Traversée vers la fin des années 1990. Après un épisode de dépression majeure et de psychose qu’il attribue à son expérience à l’école des adultes, Harold Bourgelas s’était isolé chez lui. Devenu agoraphobe, l’adaptation à la société qui s’est ensuivie a été difficile. « J’avais de la misère à sortir dans le public », se rappelle-t-il.

Un travailleur social, qui semble avoir exercé une grande influence positive sur lui, l’a référé à La Traversée. La première fois qu’il y a mis le pied, l’homme se souvient s’être senti stressé. Il y est revenu parce que c’était une « bonne place pour faire du social », bien qu’il reconnaisse qu’il ne s’est pas toujours entendu avec tout le monde.

La force dans la passion

S’il est encore difficile pour Harold Bourgelas de quitter sa maison en raison de son agoraphobie, il est capable de sortir seul aux matchs de hockey et au théâtre. « Je me sens mal, j’ai peur des gens autour de moi. Mais je trouve la force d’affronter ça, parce que j’ai envie de les voir [les matchs et les spectacles]. »

L’homme ne laisse pas de doute sur sa passion des matchs sportifs. Que ce soit la Ligue nationale de hockey, le football, ou la Ligue de hockey junior majeur, si vous voulez en connaître les dernières nouvelles, consultez Harold Bourgelas. Au moment de l’entrevue, il explique que « toutes les séries sont en cours. Les Bruins de Boston se sont fait surprendre hier par les Panthers de Floride, 4 à 3 en prolongation. L’Avalanche s’est fait surprendre 3 à 2 par le [Kraken] de Seattle », poursuit-il.

Si en plus, vous voulez entendre ses commentaires, écoutez bien les lignes radiophoniques de sport; Harold Bourgelas adore aller parler avec les animateurs, même s’ils ne sont pas toujours d’accord avec lui. « C’est amusant parce que tu donnes ton opinion, et que tu te sers de ton droit d’expression », relate-t-il. Il prend d’ailleurs pour l’Avalanche du Colorado et les Penguins de Pittsburgh — pour les curieux.

Mais le sport n’est pas sa seule passion. Harold Bourgelas aime aussi parler de politique, des « problèmes de la vie », et pratiquer le théâtre. Il a découvert cet art lors des activités à La Traversée, et maintient que c’est un de ses plus beaux souvenirs au sein de l’organisme.

Vulnérabilité

Depuis son arrivée à La Traversée, Harold Bourgelas affirme qu’il « parle plus, et plus de ses affaires personnelles ». Malgré son progrès, certaines peurs continuent de l’habiter; particulièrement celle de perdre ses parents et le soutien qu’ils lui apportent.

En contrepartie, le membre de l’organisme voudrait que les gens sachent qu’il ne faut pas craindre d’aller chercher de l’aide. « Il faut s’aider […] Tout le monde a une santé mentale, mais pas tout le monde veut l’avouer ». Il se désole du fait que certaines personnes refusent de consulter par peur que « le monde pense que tu es fou ». Il aimerait plutôt que les gens laissent de côté ces préjugés.

Mais ce que le membre de La Traversée voudrait plus profondément, c’est qu’on vienne le voir et le rencontrer, le « vrai Harold ».

Harold Bourgelas. Photo : Christine Beaudoin