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Heureux éleveurs d’alpagas

CAP-SAINT-IGNACE – Cela fera trois ans cet automne que l’aventure d’Élevage CSI Alpagas a commencé. En 2011, Sandra Labrecque, de Saint-Lazare-de-Bellechasse, Carole Lemieux, de Cap-Saint-Ignace, ainsi que leurs conjoints respectifs Christian Hamel et Gérard Guay, décidèrent de se lancer dans l’élevage de ces mignonnes bêtes, douces dans tous les sens du terme, bête et poils. Il faut dire que leur amitié remonte déjà à plusieurs années et qu’ils avaient aussi en commun d’élever des chats rex cornish, dont ils continuent l’élevage.

Saviez-vous que l’alpaga est un camélidé, un cousin américain du chameau? Voilà ce que nous avons appris, avec étonnement, lors de notre rencontre avec Mmes Labrecque et Lemieux.

Selon certaines sources, les camélidés sont nés, il y a 40 millions d’années, non pas en Afrique ou en Asie, mais en Amérique du Nord. Il y a cinq millions d’années, les lamas ont migré depuis l’Amérique, vers l’Eurasie et l’Afrique, en passant par l’isthme de Béring, puis se sont adaptés selon l’environnement, pour devenir des chameaux et des dromadaires. À cette époque, ils sont aussi descendus vers l’Amérique du Sud. Quant à l’alpaga, son origine est plus difficile à cerner, mais il fait partie de la même famille.

Mentionnons que les conquistadors espagnols ont fait, au XVIe siècle, un abattage intensif de l’alpaga, qui a presque décimé l’espèce. Les survivants se sont alors réfugiés dans les montagnes.


Photo: Richard Lavoie

Élevage

Élever ces jolis animaux originaires des Andes, en particulier du Pérou (95 %), c’est tout de même autre chose que d’élever des chats. Qu’à cela ne tienne, ces amoureux des bêtes et de la nature, après avoir visité des fermes d’élevage, se sont lancés dans l’aventure. Et ce ne sont pas des fermiers.

Sandra Labrecque et Christian Hamel sont policiers. Carole Lemieux est retraitée d’une banque et son conjoint est propriétaire d’une entreprise dans le domaine des accessoires automobile. Mais ils apprennent, suivent des formations et profitent des généreux conseils de collègues éleveurs.

Ils ont acheté leur premier trio, le 13 juin 2012. « Deux femelles gestantes et un mâle reproducteur », de mentionner Sandra Labrecque. « Les femelles sont presque toujours gestantes, puisque la gestation dure pratiquement 12 mois », ajoute-t-elle.

Leur petit cheptel compte actuellement 15 alpagas, auquel s’ajouteront deux bébés qui verront le jour au mois de juin. Les huit femelles se trouvent à la ferme de Saint-Lazare, alors que les sept mâles sont à Cap-Saint-Ignace, dans deux enclos avec abris, où il y a aussi deux lamas.

Ceux-ci sont un peu les « défenseurs » des petits groupes, c’est dans leur nature. « Mais ils sont bien gentils et ne crachent pas au visage », de mentionner en riant Carole Lemieux. De hautes clôtures, les protègent aussi contre les prédateurs, en particulier le coyote, mais surtout, elles empêchent les chevreuils d’entrer dans les enclos. C’est que les excréments du cerf de Virginie contiennent un parasite (ver méningé), qui peut être mortel s’il est ingéré par l’alpaga. On garde aussi un chien qui contribue à éloigner ces visiteurs indésirables.

Le caractère de l’animal et sa beauté ont charmé les éleveurs. Et il n’est pas question de le manger. Ici, on l’élève pour ses fibres. C’est un peu comme des animaux de compagnie. « Je ne voulais pas d’élevage où l’on fait l’abattage des animaux », de souligner Sandra Labrecque.  

Reproduction

La reproduction se fait naturellement, sans insémination. Et, puisque les mâles se trouvent à Cap-Saint-Ignace, l’un d’eux fait un voyage vers Saint-Lazare au printemps. Cela ne garantit cependant pas qu’il sera accepté par la femelle. « Parfois le mâle fait tout ce voyage pour rien », de mentionner Sandra Labrecque. 

Au Québec, les crias (bébés alpagas; 6-7 kg) naîtront entre mai et septembre, question qu’ils survivent à l’hiver, bien sûr. Tout près d’un an après la fécondation, comme nous le disions. La gestation varie entre 330 et 360 jours. Toutefois, « 20 minutes après sa naissance il va prendre son premier boire et le soir il court avec les autres bébés », de dire Mme Labrecque. Le petit est sevré après 6 à 9 mois. Il devient rapidement autonome. L’adulte pèse entre 50 et 80 kg.

Animal adapté

L’alpaga est un animal très bien adapté à notre climat. Dans les montagnes de la cordillère des Andes, il s’est habitué de vivre à la dure. Alors, notre hiver ne le dérange pas. Il demeure à l’année dehors. Mais les éleveurs lui fournissent tout de même des endroits où s’abriter.

Un peu d’herbe, du foin de qualité et de la moulée qui contient des suppléments minéraux, tels que dans son alimentation naturelle d’origine, le nourrissent. Ce charmant animal est arrivé au Canada il y a environ une trentaine d’années, l’Association des éleveurs canadiens a été crée en 1987 et, au Québec, depuis moins de 15 ans. Alpaga Québec, créé en mai 2012, regroupe une soixantaine d’éleveurs de toutes tailles. L’un des plus gros, Alpagas Charlevoix, a plus de 100 têtes. 


Sandra Labrecque et Carole Lemieux dans la boutique, à Cap-Saint-Ignace.
Photo: Richard Lavoie

Fibre exceptionnelle

La laine d’alpaga est exceptionnelle. « C’est une fibre de grande qualité, très douce, hypo-allergène, qui ne pique pas et qui respire », de dire Sandra Labrecque. De plus, notre climat favorise la croissance des poils, si bien que chaque bête peut fournir jusqu’à 30 balles de 100 gr de fibre filée.

Chaque « couette » de poils est inspectée, mesurée et triée à la main. Par ailleurs, il s’est justement développé quelques filatures au Québec, dans leur cas ils font affaire avec Fibre FMA, à Saint-Malachie.

Avec certaines catégories de poils, on fabrique du feutre. Avec la meilleure qualité, de chauds foulards, des chaussettes, bonnets, tuques, vêtements pour enfants et bien d’autres. Le but de l’entreprise CSI Alpaga est de « créer des produits 100 % Chaudière-Appalaches », mentionne-t-on fièrement.

Tondeurs et artisanes

Les alpagas sont tondus une fois par année, fin mai, début juin. Nos éleveurs ont bien appris à tondre, mais ça leur prenait un peu trop de temps. Aussi, ils font appel à une équipe de tondeurs itinérants. Des pros de la tonte, qui vont d’élevage en élevage avec leur atelier mobile.

Ils seront deux du Nouveau-Brunswick. Et le jeune tondeur Dany : « C’est lui qui fait la plus belle tête d’alpaga », de mentionner avec humour Mme Labrecque, car, croyez-le ou non, il y aussi des coupes à la mode chez les alpagas. Il faut être beau pour gagner dans les concours.

De plus, CSI Alpaga fait travailler sept artisanes tricoteuses et une feutrière, une « véritable artiste ». Il semble d’ailleurs que le tricot revienne à la mode chez les jeunes, qui aiment confectionner de jolies choses, qu’ils donneront en cadeau. 

CSI Alpaga, a bien sûr sa page Facebook. L’on peut aussi passer à Cap-Saint-Ignace, sur la route des Pommiers, pour voir les jolis minois des alpagas, et pour acheter des créations qui seront aussi en vente au Marché public de Montmagny, dès son ouverture en juin.