Incendie aux Tourbières Lambert : Le vent qui a tout changé

Le nuage de fumée en direction nord-est, le 19 juin. Photo : Maxime Paradis.

L’incendie aux Tourbières Lambert était pratiquement éteint, dans la nuit du 19 au 20 juin dernier, soit quelques heures à peine après s’être déclenché. Un changement brusque et soudain de la direction des vents est malheureusement venu gâcher tout le travail réalisé par les pompiers municipaux et la SOPFEU, en un claquement de doigts.

Selon André Monette, météorologue chez MétéoMédia, ce phénomène météorologique est assez rare dans notre région, mais pas nécessairement surprenant. Il se résume en un changement de masses d’air qui a la particularité de ne pas être nécessairement accompagné de précipitations.

Plus fréquemment, lorsqu’une masse d’air froide tend à prendre la place d’une masse d’air chaude, celle-ci provient la plupart du temps de l’ouest, le sens des vents dominants. Ce changement de masse d’air est souvent accompagné d’orages ou de précipitations qui mettent un terme à une période caniculaire.

Par contre, dans la nuit 19 au 20 juin, cette masse d’air froid n’est pas arrivée de l’ouest, mais de l’est, repoussant le front chaud plus au sud. Le phénomène est beaucoup moins fréquent et n’est pas toujours porteur de précipitations, précise André Monette. Il implique toutefois des vents qui se retrouveront canalisés dans la vallée du Saint-Laurent en direction du nord-est, ce qui explique pourquoi la fumée se dirigeait le lendemain vers La Pocatière et que le feu, lui, était reparti dans la direction opposée à celle de la veille.

Sécheresse

Le météorologue rappelle également que la sécheresse printanière a grandement contribué à accélérer la propagation de l’incendie. Annuellement, la région reçoit en moyenne 250 mm de pluie durant le printemps. Cette année, seulement 140 mm sont tombés, entraînant un déficit en pluie de 110 mm.

« Il n’est tombé que 15,6 mm de pluie dans les 21 premiers jours de juin dans votre région et il n’y a eu aucune précipitation entre le 13 et le 22 juin, soit neuf jours consécutifs », précise André Monette.

Il s’agit donc d’un autre début d’été sec pour Kamouraska-L’Islet, soit le quatrième consécutif depuis 2017. André Monette rappelle néanmoins qu’il est difficile de lier ce phénomène aux changements climatiques, même s’il reconnaît qu’il se passe quelque chose qui désavantage notre région en matière de précipitations depuis trois ans.

« Une tendance, en météo, s’observe sur plusieurs années. L’an prochain, vous pourriez très bien vous retrouver dans la situation inverse. Il serait donc surprenant que ces sécheresses soient la nouvelle réalité de l’Est-du-Québec », conclut-il.