L’organiste originaire de Saint-Pascal, Jacques Boucher, peinait à croire les images de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris survenu hier. Le 21 octobre 2017, il avait eu le privilège d’y offrir un concert sur le grand orgue de la cathédrale.
« J’étais envahi d’une grande tristesse. J’ai versé quelques larmes », de confier l’organiste, au lendemain de l’incendie qui a détruit pratiquement l’ensemble de la toiture de la célèbre cathédrale, ainsi que sa flèche qui culminait à une hauteur de 93 m.
Celui qui a toujours entretenu une relation particulière avec ce bâtiment mythique l’a visité pour la première fois lorsqu’il était étudiant à Paris au début des années 70. Il se rappelle même que la première chose qu’il a demandé à son arrivée dans la Ville lumière, c’était où se situait la cathédrale pour s’y rendre.
Tout le temps qu’il a habité la capitale française, il se faisait un plaisir d’assister aux concerts hebdomadaires du dimanche soir, jusqu’à ce qu’il quitte Paris et que son tour vienne, il y a un an et demi. « J’avais reçu l’invitation deux ans et demi avant la date du concert. Ça vous donne un aperçu de la liste d’attente pour y jouer », a-t-il déclaré.
« J’avais reçu l’invitation deux ans et demi avant la date du concert. Ça vous donne un aperçu de la liste d’attente pour y jouer. » – Jacques Boucher
Pour ce concert, Jacques Boucher a utilisé le grand orgue de la cathédrale qui, selon toute vraisemblance, aurait échappé à la destruction. S’il garde un souvenir impérissable de ce moment, il avoue que ce sont les deux soirs où il a répété en vue de ce concert qui resteront à jamais gravés dans sa mémoire. « J’étais seul avec ma femme, entre 22 h et 1 h du matin. Le silence qui y régnait était incroyable. L’émotion que j’ai ressentie à jouer sur l’orgue le plus prestigieux au monde, dans une salle à la réverbération extraordinaire, c’est difficile à qualifier. Et quand on pense à tous les grands musiciens qui s’y sont produits avant nous, ça nous appelle à une grande modestie », de se remémorer Jacques Boucher.
Symbole de la francophonie
Symbole pour les Parisiens, les Français, l’Europe et les chrétiens, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire Notre-Dame de Paris. Pour Jacques Boucher, le bâtiment est une œuvre patrimoniale pour l’humanité tout entière et un symbole pour toute la francophonie. « Notre-Dame, c’est un acquis. Les gens de ma génération qui l’auront connue avant l’incendie n’auront peut-être pas la chance de voir la nouvelle Notre-Dame. La reconstruction qui s’annonce va prendre des décennies. Nous en sommes maintenant privés à jamais, pour la plupart », mentionne-t-il.
Il espère donc que cet incendie fasse prendre conscience au monde l’importance du patrimoine bâti. Il cite au passage quelques églises de notre région, qui regorgent de trésors du 18eou du 19esiècle. « Notre patrimoine n’a pas huit siècles comme Notre-Dame de Paris, mais il est là et il faut être vigilant. On n’insistera jamais assez sur sa préservation et sa mise en valeur. C’est l’héritage de nos ancêtres, il ne faut jamais l’oublier », conclut-il.