Le milieu brassicole est en pleine ébullition au Québec et le Kamouraska n’échappe pas à la tendance. Projet de microbrasserie à Rivière-Ouelle, formation collégiale en boissons alcoolisées en préparation à l’ITA Campus de La Pocatière, le Kamouraska semble être en voie de devenir un carrefour incontournable du milieu brassicole au Québec. À l’origine de ce mouvement sur notre territoire, trois entreprises complètement différentes portées par des passionnés de bières qui contribuent à façonner cette réputation qui fait l’envie d’autres régions.
Fondée en 2015 à Saint-Jean-Port-Joli, Ras L’Bock est en fait l’isletoise bien avant d’être kamouraskoise. Mais bientôt, elle pourra se targuer d’avoir la « double citoyenneté. » En plus de son pub situé face à la marina de Saint-Jean-Port-Joli, Ras L’Bock opérera dès juin une usine de production de bière dans le parc de l’Innovation à La Pocatière. Un projet de 2,3 M$ qui doit permettre à l’entreprise d’embouteiller l’équivalent de 1 million de cannettes de bière par année, ce qui fera passer la microbrasserie de la cour des petits à celle des moyens. « C’est un objectif qui s’est imposé rapidement dans le développement de notre entreprise. On ne voulait pas seulement rester juste un pub à Saint-Jean. On avait d’autres ambitions », de déclarer Alexandre Caron, copropriétaire de l’entreprise avec Julien Chouinard et David Lebel.
« C’est un objectif qui s’est imposé rapidement dans le développement de notre entreprise. On ne voulait pas seulement rester juste un pub à Saint-Jean. On avait d’autres ambitions. » – Alexandre Caron
Ambitieux, cet objectif fait pourtant du sens pour la microbrasserie port-jolienne qui distribue déjà l’équivalent de 50 % de son volume de production. Mais il n’en demeure pas moins qu’en cherchant à augmenter sa présence sur les tablettes des détaillants, Ras L’Bock s’attaque à un marché fortement convoité et pratiquement saturé.
En effet, si près de 90 % du marché de la bière au Québec est détenu par les gros brasseurs comme Molson et Labatt, la part de marché restante est partagée par environ 200 microbrasseries qui ont pignon sur rue un peu partout dans la province. Ces entreprises, dont la taille et la production varient, ont brassé pas moins de 2300 bières différentes qui ont toutes abouti sur les tablettes des détaillants en 2016, selon Bières et plaisirs. « C’est pourquoi on s’est dit qu’on allait miser sur trois produits phares que nous allons distribuer. Avoir une grosse gamme de produits sur les tablettes, pas sûr que c’est viable », d’ajouter Alexandre Caron.
Carrefour incontournable
Si les copropriétaires de Ras L’Block assument bien le choix de La Pocatière pour réaliser l’expansion de leur entreprise, le fait qu’ils ont choisi de « sauter la clôture » au Kamouraska n’a pas manqué de laisser un goût amer aux élus de la MRC de L’Islet. Même si le pub de Saint-Jean-Port-Joli demeure, c’est au Kamouraska que les nouveaux emplois seront créés, soit l’équivalent d’une quinzaine lorsque l’usine de La Pocatière sera au maximum de sa production. « C’est vrai qu’il y a des avantages fiscaux du gouvernement pour les entreprises qui s’installent au Kamouraska et qui ne sont pas l’équivalent dans L’Islet », de reconnaître Alexandre Caron.
Mais limiter leur décision d’entreprise à cette seule variable est trop réducteur. Alexandre et ses acolytes sont très conscients « qu’il se passe quelque chose » autour de la bière au Kamouraska. « Au CDBQ on travaille les ferments pour la bière, l’ITA va offrir bientôt une formation en boissons alcoolisées, Biopterre travaille sur la mise en valeur des résidus de grains de bière. Les consommateurs de bières ne s’en rendent pas compte, mais nous les brasseurs, on est très collés sur le milieu agricole. Et comme l’expertise en contrôle qualité va jouer un rôle de plus en plus important dans l’industrie, avoir un pied à terre au Kamouraska devenait incontournable pour nous », conclut-il.
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