Le milieu brassicole est en pleine ébullition au Québec et le Kamouraska n’échappe pas à la tendance. Projet de microbrasserie à Rivière-Ouelle, formation collégiale en boissons alcoolisées en préparation à l’ITA Campus de La Pocatière, le Kamouraska semble être en voie de devenir un carrefour incontournable du milieu brassicole au Québec. À l’origine de ce mouvement sur notre territoire, trois entreprises complètement différentes portées par des passionnés de bières qui contribuent à façonner cette réputation qui fait l’envie d’autres régions.
Avant d’ouvrir la Tête d’Allumette en juillet 2013, Élodie Fortin et Martin Desautels avaient visité une douzaine de bâtiments au Kamouraska avant de jeter leur dévolu sur cette petite maison isolée en bordure du fleuve à Saint-André, à deux pas à peine du poste d’accueil de la SEBKA. « Quand j’ai su que cette place-là était peut-être à vendre, je suis sauté dans mon ‘’truck’’. Pour nous c’était clair, c’est là qu’on s’en allait », de raconter Martin.
« C’était très intuitif. On voulait se rapprocher le plus possible de ce que les locaux et les touristes recherchent au Kamouraska. T’as beau avoir la meilleure bière au monde, si ton spot n’est pas cool, si ton ambiance n’est pas bonne, ça ne donnera rien. » – Martin Desautels
L’emplacement de leur microbrasserie n’était pas quelque chose qu’ils prenaient à la légère. Lorsqu’ils réfléchissaient leur projet, le fleuve n’était jamais bien loin, leur pub était aménagé dans une vieille maison et le bois était toujours omniprésent. « C’était très intuitif. On voulait se rapprocher le plus possible de ce que les locaux et les touristes recherchent au Kamouraska. T’as beau avoir la meilleure bière au monde, si ton spot n’est pas cool, si ton ambiance n’est pas bonne, ça ne donnera rien », de résumer Martin avec conviction.
Ils ont donc misé le tout pour le tout en adaptant la maison de façon à conserver son cachet d’antan et en créant une vue sur la salle de brassage alimentée au feu de bois. Depuis, Élodie, Martin et leur trentaine d’employés en saison estivale travaillent constamment à maintenir ce côté authentique et artisanal distinctif. « Je dirais même que c’est un peu ce qui freine nos désirs d’expansion », de confier Martin.
Miser sur le pub
Contrairement à d’autres microbrasseries au Québec, Tête d’Allumette ne cherche pas à être sur les tablettes des détaillants. Annuellement, elle brasse l’équivalent de 1200 hectolitres de bière, dont 90 % sont vendus directement sur place. Et cela n’a pas empêché la microbrasserie de se faire connaître en dehors du Kamouraska. « On est invité dans plusieurs festivals et de plus en plus notre procédé de production est reconnu. On dit que nos bières ont une signature particulière. On l’entend beaucoup à l’extérieur de la région. Chez nous, les gens apprécient ce qu’on fait, mais ils sont plus habitués à ce goût que nous avons développé », d’expliquer le brasseur.
Habituée, mais toujours de plus en plus curieuse, la clientèle intergénérationnelle composée autant de locaux que de touristes est celle qui pousse Tête d’Allumette à expérimenter et à demeurer créative. Depuis l’ouverture en 2013, c’est une centaine de bières différentes que Martin Desautels a brassées. Depuis deux ans, il travaille même avec des levures sauvages, sans parler d’ingrédients locaux qu’il utilise à l’occasion pour la confection de ses bières, lorsqu’ils juge que la qualité est au rendez-vous. « Au départ, ce qui était important pour nous, c’était de créer un lieu de rassemblement que les gens allaient s’approprier. Mais un peu comme le vin ou le fromage, on dirait qu’on a contribué à raffiner leur palais en matière de bière. J’avoue que je n’aurais jamais pensé ça à nos débuts il y a six ans », de conclure Martin.
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