La pomme n’est pas tombée très loin de son arbre. En prenant la direction artistique de l’École de danse Chantal Caron, Éléonar Caron Saint-Pierre savait ce qu’elle faisait. Portrait de la lauréate du seizième Prix Monique-Miville-Deschênes de la Culture, une femme d’avenir bien ancrée dans ses racines.
Dès sa naissance et même un peu avant, Éléonar baignait déjà dans la danse. Comment résister quand chaque réunion de famille est prétexte à quelque chorégraphie improvisée? « On a tous dansé dans la famille », rappelle la jeune femme.
Adolescente, elle commence à donner des cours de danse et à créer des chorégraphies, à la fois pour l’école de sa mère et au collège de Saint-Anne où elle étudie. Puis, c’est le cégep, avec un choix de carrière à faire. Éléonar se dit qu’elle aime organiser des événements, elle part pour Québec étudier en tourisme au collège Mérici.
Elle fait un stage en Guadeloupe, où la précarité de l’organisation force son sens de l’initiative à se développer. Elle conclut : « Ces deux mois-là ont vraiment été bénéfiques pour moi. En revenant, j’ai eu l’impression de vraiment savoir qui est Éléonar Caron Saint-Pierre. J’ai vraiment connecté avec moi-même. »
Enracinement
En revenant à Saint-Jean-Port-Joli, elle a pleinement ressenti l’attachement qu’elle porte à son milieu. « Je me sens ancrée à la communauté; j’aime saluer les gens en allant à l’épicerie… j’aimerais que mes enfants vivent la même expérience. »
Comme Chantal Caron désirait se consacrer à Fleuve Espace Danse, en plein essor, Éléonar a tout naturellement repris la direction artistique de l’école. « C’était trop triste de penser que l’école de danse aurait pu ne plus faire partie de Saint-Jean-Port-Joli », insiste la jeune femme.
Son objectif est d’utiliser la danse comme un levier pour bâtir la confiance des enfants en leurs propres capacités. Elle se souvient de la première médaille remportée alors qu’elle n’était qu’en troisième année, et de l’extraordinaire sentiment de pouvoir tout accomplir qui l’a envahie. « Apprendre aux enfants à s’aimer eux-mêmes, c’est ça ma plus grande motivation pour le moment, encore plus que d’enseigner des pas de danse. »
Toujours avec les jeunes
Outre sa directrice, l’école de danse Chantal Caron emploie deux professeures pour les enfants, et une prof de yoga pour les adultes. L’année dernière 150 étudiants, dont 86 enfants, y ont suivi des cours.
Éléonar est aussi technicienne en loisirs pour les 150 élèves de l’école secondaire de Saint-Paul-de-Montminy. C’est un poste qui la met en contact avec des adolescents dans un milieu dépaysant, ce qui l’enthousiasme.
Le Prix Monique-Miville-Deschênes
Ce prix, consacré à la reconnaissance du développement artistique et culturel apporté à Saint-Jean-Port-Joli, est remis une année sur deux à une personnalité de la relève. Madame Renelle Morency, président du comité pour la remise du prix, souligne que la feuille de route d’Éléonar était impressionnante, tant pour ses implications bénévoles que professionnelles. « Nous avons été particulièrement touchés par le brio avec lequel elle a su prendre la relève de l’école de danse Chantal Caron, affirme madame Morency. Sans faire les mêmes choix que sa mère, elle veut aller dans le même sens, avec modernité et avec charisme. »
Pleine de gratitude pour le prix qu’elle a reçu, Éléonar Caron Saint-Pierre voit l’avenir avec optimisme et détermination. Entourée de la confiance de ses parents, son seul plan de carrière reste de danser.
Et flotte dans un coin de sa tête le rêve fou d’un festival de danse à Saint-Jean-Port-Joli. « Ça serait extraordinaire de faire venir des troupes de danse de partout, de danser dans la rue tout le monde ensemble! » Un festival qui serait piloté par l’École de danse Chantal Caron… et fille. Et fille? Eh oui, c’est le scoop qu’Éléonar nous a confié!