Le président du Syndicat des employés de Bombardier La Pocatière estime qu’il ne restera que 40 à 60 personnes au sein de l’usine en septembre prochain, si le carnet de commandes n’est pas renfloué. Un autre appel aux gouvernements provincial et fédéral a donc été lancé le 22 septembre en après-midi afin qu’ils devancent leurs projets d’infrastructures en transport en commun et qu’ils revoient leurs processus d’appel d’offres.
La journée ne pouvait pas être mieux choisie. Le matin même, Bombardier et VIA Rail annonçaient la résiliation d’un contrat de 54 millions $ qui visait à rénover des voitures construites dans les années 1950. Des problèmes techniques imprévus dus à l’âge et à l’état de certaines voitures sont à l’origine de la fin de cette entente convenue d’un commun accord entre les deux entreprises de rapporter le Journal de Québec.
Ce contrat devait consolider une centaine d’emplois disait-on, lors de son dévoilement au printemps 2018. L’annonce avait été réalisée directement, à l’époque, à l’usine Bombardier de La Pocatière, en présence de l’actuel ministre fédéral des Transports Marc Garneau.
Avec la fin du contrat Azur prévue pour juin prochain, le carnet de commandes de l’usine Bombardier de La Pocatière sera au plus bas dans la deuxième moitié de 2021. Seuls le travail de mise à niveau préventive des soudures sur les voitures LRV du Tramway de Toronto et celui de la réalisation de pièces primaires pour une nouvelle génération de voitures de transport de passagers au New Jersey occuperont les employés de l’usine au-delà de cette date.
« La flotte de MR-73 du Métro de Montréal ne sera pas toute renouvelée quand on aura terminé cette prolongation du contrat Azur », mentionne le président du syndicat Claude Michaud, qui espère incessamment un engagement clair de Québec et Ottawa pour un projet en mobilité qui pourrait apporter du travail aux 260 travailleurs actuels de l’usine. Sans nouvelle de leur futur employeur Alstom quant à l’orientation qu’il entend donner à l’usine de La Pocatière, il ajoute que l’incertitude est à son comble chez les employés.
Du même avis, le président de la Fédération de l’industrie manufacturière CSN Louis Bégin y va d’autres suggestions : prolongement du REM, tramways à Québec, ou même Longueuil. Toutes des opportunités qui pourraient avoir un impact direct sur les emplois à l’usine de La Pocatière, mais dont les dossiers piétinent dans les offices gouvernementaux à l’heure actuelle.
« On salue l’engagement du premier ministre François Legault qui veut favoriser le “made in Québec”, mais ce n’est pas suffisant. C’est tout le processus habituel d’appel d’offres qu’il faut revoir au gouvernement pour inclure non seulement le prix d’acquisition, mais aussi le coût d’entretien à long terme et les retombées économiques locales », a-t-il déclaré.
Partisan de l’achat local, le maire de La Pocatière Sylvain Hudon partage cet avis. Optimiste, il croit que les planètes sont quand même bien alignées pour l’usine de sa ville, même s’il convient qu’il est minuit moins une pour les employés.
« Ce qui est différent, cette fois-ci, c’est peut-être que tout le monde parle le même langage : moins de pollution et plus de local. Ça, ça donne une bonne chance pour l’usine de La Pocatière. Et en misant sur une entreprise comme Bombardier avec une expertise de haut niveau sur le plan technologique, c’est possible pour nos gouvernements de répondre au carnet de vœux de plusieurs villes au Québec et au Canada qui ont des projets en transport en commun dans leurs cartons, tout en répondant plus concrètement à cet engagement de favoriser l’achat local », conclut-il.