La politique à l’ère du big data

Qui n’a pas déjà « liké » une page sur Facebook, ou encore utilisé sa carte de crédit dans un restaurant? Plus encore, plusieurs se géolocalisent via leur téléphone intelligent. Ces actions et plusieurs autres que nous faisons par automatisme sur les réseaux sociaux laissent des traces.

Éric Ouellet

Des entreprises utilisent ces données massives et les analysent (big data) afin de cerner votre profil. Ce stockage d’informations est utilisé par divers organismes qui espèrent décrypter vos habitudes et, ainsi, mieux cibler vos tendances.

Partis politiques

Les partis politiques figurent au nombre des organisations intéressées à mettre la main sur ces données. Cela leur permet de personnaliser leur campagne publicitaire en ciblant spécifiquement les préférences des différentes clientèles (selon l’âge, la provenance régionale, le revenu, le niveau de scolarité, le genre…).

L’actuel président américain, Donald Trump, a utilisé ces banques de données pour rejoindre les électeurs : un individu identifié comme étant un amateur d’armes à feu recevait une publicité vantant la NRA (groupe de pression en faveur des armes à feu) et le droit fondamental du port d’armes aux États-Unis; un électeur ayant le profil d’un démocrate pouvait recevoir une publicité négative sur Hillary Clinton; un électeur républicain pro-vie pouvait se voir inviter à une manifestation antiavortement près de son domicile. Les exemples sont nombreux. La façon de faire de la politique est en pleine mutation : les électeurs sont découpés chirurgicalement selon leurs préférences affichées sur les réseaux sociaux. Rappelez-vous des affiches électorales des candidats sur les poteaux : une affiche identique, d’un bout à l’autre du territoire. Elles sont maintenant appelées à diminuer significativement.

Également, s’investir dans un parti politique pour changer la société n’est plus autant prisé. Pour pallier à ce désintérêt de la population à leur endroit, les partis politiques se procurent des données personnelles circulant sur les réseaux sociaux. Les partis politiques demeurent connectés aux aspirations de la population de cette façon.

Aspects négatifs

Le danger qui nous guette avec la comptabilisation de ces données massives est le recul de notre vie privée. Celle-ci s’étale au grand jour sur les réseaux sociaux et nous devenons vulnérables à une utilisation abusive.

De plus, les premières études sur ce sujet démontrent qu’une fois le profil d’un individu déterminé, ce dernier recevra principalement de la publicité visant à renforcer ses convictions. À terme, les chercheurs notent un manque de variétés dans les publicités qui lui sont envoyées. Il finira par croire que ses opinions sont partagées par davantage de gens qu’en réalité, car l’individu se retrouvera toujours en territoire ami.

« Convaincre les convaincus » n’a jamais fait progresser le débat dans une société.