La francisation des travailleurs étrangers de Saint-Pamphile peut maintenant s’accélérer. Depuis peu, la salle du conseil municipal sert également de salle de classe, permettant d’augmenter le nombre de cours offerts. Dans les milieux de travail de ces travailleurs, une amélioration du niveau de la langue se fait déjà sentir.
Ils sont actuellement une quarantaine, mais d’ici les trois prochaines années, ce nombre devrait tripler. Les travailleurs étrangers, en provenance essentiellement du Guatemala et des Philippines, font désormais partie du paysage de L’Islet-Sud. Répartis dans cinq entreprises de Saint-Pamphile, Maibec et Matériaux Blanchet sont celles qui accueillent le plus de ces travailleurs temporaires ou permanents à franciser.
« Les premiers cours ont été tenus par l’ABC des Hauts Plateaux. Ensuite, un partenariat s’est développé il y a un an avec le Centre d’éducation des adultes de L’Islet-Sud à raison d’un cours par semaine. L’horaire des travailleurs leur permettait d’assister à seulement un cours sur deux ; c’était insuffisant », explique Jean-François Labonté, directeur d’usine secteur cèdre chez Maibec.
Devant ce souhait des entreprises et des travailleurs d’augmenter la cadence de la francisation, une nouvelle offre avec plus d’heures de cours a été réfléchie. Or, une problématique de locaux incombait au Centre d’éducation des adultes de L’Islet-Sud, situé dans l’école secondaire de la Rencontre. Exceptionnellement, l’établissement accueille aussi cette année les élèves de l’école primaire Saint-Joseph en rénovation. L’implication de la Ville de Saint-Pamphile dans le partenariat a permis de dénouer l’impasse.
« On nous a approchés pour avoir accès à un local à l’hôtel de ville. On ne pouvait pas s’opposer à ça : nos entreprises ont besoin de cette main-d’œuvre étrangère, et on veut faciliter son intégration dans la communauté. On a proposé la salle du conseil qu’on a depuis équipée d’un tableau interactif qui peut être utilisé par les enseignantes, les autres organismes qui utilisent la salle à l’occasion, mais aussi le conseil municipal lors de nos différentes réunions », résume le maire, Mario Leblanc.
Quatre jours
Depuis le 11 janvier, quinze heures de cours réparties sur quatre jours différents — lundi, mardi, mercredi et vendredi — sont données par trois enseignantes du Centre de services scolaire de la Côte-du-Sud sur une base hebdomadaire. Les travailleurs étrangers de Maibec et de Matériaux Blanchet assistent pour leur part à neuf heures de cours toutes les deux semaines. Ceux des autres entreprises sont en classe à raison de six heures par semaine.
Chez Maibec, la responsable des travailleurs étrangers Karine Fournier mentionne que ces heures supplémentaires de francisation ont déjà des effets positifs. « Après même pas quelques semaines, on voit déjà une amélioration chez plusieurs de ces travailleurs. Les interactions avec nos employés francophones sont aussi beaucoup plus faciles. Certains aimeraient bien demander leur citoyenneté canadienne, et ça se ressent dans le niveau d’intérêt qu’ils ont pour les cours ; ils sont très motivés. »
Mathieu Pelletier, directeur de l’école secondaire de la Rencontre, souligne pour sa part l’accessibilité du local à l’hôtel de ville. « C’est beaucoup plus central. Les entreprises où ces travailleurs évoluent et leurs lieux de résidence sont à proximité. Sachant qu’ils se déplacent pour la plupart à pied, c’est beaucoup mieux ici. Notre école, elle est un peu excentrée en comparaison. »
150 autres travailleurs étrangers sont attendus dans L’Islet-Sud au cours des trois prochaines années. Outre la francisation, le logement risque d’être le prochain défi auquel seront confrontés les employeurs. Un OBNL qui rassemble plusieurs entreprises de Saint-Pamphile doit se pencher sur cette question sérieusement au cours des prochains mois.