Les entreprises forestières de la région subissent les effets de l’imposition de droits compensateurs de près de 20 % imposés par le Département du commerce des États-Unis sur les exportations canadiennes de bois d’œuvre. Elles reçoivent l’appui des chambres de commerce de Kamouraska-L’Islet et de Montmagny.
Pour les deux chambres de commerce, il est essentiel de soutenir les entreprises œuvrant dans l’industrie forestière à la suite du 5e conflit à survenir entre les deux pays dans ce dossier.
Mercredi, en conférence de presse à Saint-Jean-Port-Joli, Gérald Baril, représentant du Groupe Lebel, a expliqué que la surtaxe rétroactive de près de 20 % a été fixée à la suite d’une enquête menée auprès de cinq compagnies canadiennes. Une autre taxe antidumping s’appliquera à compter du 23 juin, a-t-il mentionné.
Les États-Unis ne font pas de nuances. Même les entreprises frontalières qui s’alimentent très peu de la forêt publique sont soumises à cette taxe qui est d’autant plus contraignante qu’elle s’applique à un plus grand nombre de produits que dans les conflits précédents, a-t-il souligné.
Responsable des ressources humaines aux Industries Maibec de Saint-Pamphile, Sylvain Naud ajoute que même si l’industrie s’attendait à ce nouveau conflit, cette taxe comporte des enjeux financiers importants. L’ouest du Canada a des opportunités d’affaires sur le marché asiatique qu’on n’a pas dans l’est, dit-il. Après être passée à travers une crise importante en 2008, l’industrie forestière se voit confrontée à un autre défi, ajoute monsieur Naud.
En attente du fédéral
Le gouvernement du Québec a mis en place un programme d’aide pour l’industrie québécoise. Toutefois, on ignore encore comment Ottawa va réagir, selon monsieur Naud. «Le fédéral ne fait rien pour le moment», ajoute Gérald Baril. La précédente entente s’est terminée en 2015. Une année de libre marché a suivi avant que la coalition des producteurs américains dépose sa plainte devant le Département, a rappelé le porte-parole du groupe Lebel.
La présidente de la Chambre de commerce de Kamouraska-L’Islet, madame Éliszabeth Hudon, et celui de la Chambre de commerce de Montmagny, monsieur Frédéric Corriveau, s’inquiètent des répercussions de cette nouvelle taxe pour les emplois forestiers dans la région.
Pour le moment, bien que cette situation puisse freiner certains investissements, elle ne devrait pas entraîner de perte d’emplois chez Maibec, selon Sylvain Naud. L’entreprise de Saint-Pamphile, dit-il, a posé des gestes au cours des dernières années pour être moins affectée par l’imposition de taxe. Elle peut aussi destiner certaines productions dans le Maine, où elle possède une scierie, pour ce qui touche le marché américain. Toutefois, monsieur Naud admet que les plus petits joueurs, plus fragiles, peuvent être davantage menacés. Pour certains, ça peut aller jusqu’à mettre la clé dans la porte, dit-il.
Bien que ce conflit soit le cinquième à toucher les forestiers, Gérald Baril se réjouit de l’émergence d’une coalition en soutien à leur cause. «C’est stimulant pour nos industries», dit-il. La reconnaissance d’un statut particulier pour les entreprises frontalières fait partie, selon lui, des principaux éléments à faire accepter par les autorités américaines. Car, comme le dit Sylvain Naud, ce conflit devra nécessairement se régler par une entente négociée entre le gouvernement canadien et le Département du commerce américain.