En cette semaine des familles, les familles d’accueil tiennent à rappeler leur rôle essentiel dans la région, soit accueillir des enfants ou des personnes avec des déficiences, qui pourraient être déracinées de leurs proches sans leur présence dans le milieu.
Pour Lise Rioux, mère de Nicolas, 51 ans et atteint de paralysie cérébrale, la famille d’accueil de Louise Bouchard de La Pocatière a sauvé son couple.
« Quand notre fils a eu 30 ans, c’est devenu lourd et difficile. Au départ, je ne voulais pas l’envoyer en famille d’accueil, mais mon conjoint et moi en sommes venus à cette décision », témoigne-t-elle.
Ils ont donc profité de l’intérêt de Nicolas à « quitter » la maison, alors que son jeune frère partait en appartement et qu’il souhaitait l’imiter.
En une semaine auprès de la famille d’accueil de Louise, la transition était pratiquement complétée. Il s’était fait des amis et voyait ses parents comme il le souhaitait, car ils habitaient la même ville.
« Ça permet de ne pas le déraciner, on se voit souvent, on peut sortir un peu », raconte Lise Rioux, qui estime qu’il faut prendre soin de ces familles d’accueil. Si Nicolas avait dû aller en famille à l’autre bout du Bas-Saint-Laurent, la situation aurait été fort différente.
Don de soi
Louise Bouchard a appliqué par hasard sur le poste de familles d’accueil pour la clientèle CRDI (déficience intellectuelle, entre autres) il y a 25 ans. Depuis, elle ne regrette pas son choix.
« Je ne changerais jamais ma “job”, même avec les défis. J’aime être à la maison, j’ai d’ailleurs pu voir mes enfants grandir », a dit la mère de trois enfants, dont le dernier a 14 ans.
« Mes enfants sont ouverts sur la différence. D’ailleurs au départ, je craignais qu’ils soient marginalisés, mais honnêtement, je n’ai jamais senti ça », ajoute-t-elle.
Elle accueille donc six usagers atteints de déficiences intellectuelles sévères. L’un d’entre eux est avec elle depuis 25 ans, trois autres depuis 20 ans. Elle a malheureusement dû en voir quitter certains, soit pour des transferts en raison de la lourdeur de leurs cas ou des décès. « C’est vraiment déchirant dans ces cas-là. Ils font partie de la famille », dit Louise Bouchard.
On compte 12 familles comme elle au Kamouraska qui accueillent une soixantaine de personnes. On compte aussi 19 familles qui accueillent des enfants de la DPJ, ce qui représente une trentaine d’enfants. « Il gagnerait à en avoir plus, car si nous n’étions pas là, ils devraient aller dans des centres ou des familles plus loin sur le territoire », souligne-t-elle.
Quelques défis préoccupent les familles comme celle de Mme Bouchard. Elle souligne qu’elles sont très bien payées, le salaire n’étant pas une problématique, par contre, le remplacement représente une difficulté, quand elle doit faire appel à du gardiennage qualifié. Il y a très peu de gens disponibles pour les soutenir. D’autant plus qu’avec la pandémie, l’année a été encore plus difficile, les contacts étant restreints et les habitudes chambardées.