Lac Trois-Saumons : Saint-Aubert se défend de faire une mauvaise gestion du barrage

Vue du barrage du lac Trois-Saumons. Photo : Maxime Paradis.

La Municipalité de Saint-Aubert se défend de faire une gestion déficiente du barrage du lac Trois-Saumons. L’informatisation des installations réalisée ces dernières années a été justement complétée dans ce but précis : éviter une gestion approximative de l’ouvrage et protéger l’imposante réserve d’eau potable que représente le plan d’eau pour Saint-Aubert et Saint-Jean-Port-Joli.

Près de 30 000 $ ont été investis par la Municipalité de Saint-Aubert depuis 2018 afin de moderniser la gestion du barrage du lac Trois-Saumons. Le niveau du plan d’eau, trop ou pas suffisamment haut, a toujours fait l’objet de critiques, de reconnaître le maire Ghislain Deschênes. L’été 2018, particulièrement sec dans la région, a été, en quelque sorte, l’élément déclencheur à la modernisation de la gestion de l’ouvrage.

Une station météo installée à proximité du barrage recueille maintenant les conditions en temps réel et transmet par système sans-fil les données — niveau du lac, température d’eau, débit du barrage — au serveur informatique de la Municipalité, à raison de deux fois par jour. La révision des protocoles de fermeture et d’ouverture du barrage au printemps et à l’automne a aussi été revue afin d’en optimiser la gestion. Ceux-ci ont été approuvés par tous les membres du Comité de gestion du barrage, qui réunit des représentants des municipalités de Saint-Aubert, de Saint-Jean-Port-Joli et du Club des Résidents du lac Trois-Saumons. Ils ont également été accueillis favorablement par les ministères gouvernementaux concernés.

Ces protocoles impliquent de rehausser le niveau du lac Trois-Saumons, maintenu plus bas en hiver, pour qu’il atteigne graduellement la hauteur de 48 pouces durant la saison estivale. À partir du 15 avril, des poutrelles sont ajoutées graduellement au barrage afin d’y parvenir, à mesure que diminue le couvert glacier sur le lac. Dès le 15 septembre, l’opération contraire s’enclenche pour diminuer le niveau de l’eau en prévision de l’hiver.

Précisons qu’une fois la première poutrelle installée au printemps, le protocole de gestion stipule qu’un écoulement d’eau de 30 L/seconde doit être observé au barrage en tout temps, élément qu’un résident du lac Trois-Saumons, Marcel Bélanger, accuse la Municipalité de ne pas respecter. Par ses propres moyens, ce dernier avance avoir calculé un débit de 20 L/seconde au début du mois, à l’embouchure du barrage.

« Le nouveau système en place est alimenté en électricité par Hydro-Québec. Il fait une lecture du débit toutes les 15 minutes et corrige pour s’ajuster à 30 L/seconde au besoin. On n’a jamais vu de 20 L/seconde cette année, ni même l’an dernier. Les plus grandes variations constatées jusqu’à maintenant sont entre 29 et 35 L/seconde. Et s’il y avait réellement un débit de 20 L/seconde, le système le corrigerait », résume Alain Bélanger, conseiller municipal.

Bris

Outre la coulée d’eau au barrage, Marcel Bélanger critique également le processus d’augmentation du niveau du lac Trois-Saumons au printemps. Un trop haut niveau d’eau met à risque les installations des résidents, comme les quais ou les abris à bateau, en raison du déplacement des glaces qui survient lors des journées de forts vents.

La Municipalité avoue en être consciente et le conseiller municipal Alain Bélanger dit avoir été lui-même victime de bris de ce type à quatre reprises par le passé. Elle s’en remet néanmoins à son protocole de gestion qu’elle dit appliquer à la lettre.

« Le protocole n’est pas là pour les quais, mais pour garantir une réserve d’eau stratégique à Saint-Aubert et Saint-Jean-Port-Joli, en cas de sécheresse durant l’été », a déclaré le maire Ghislain Deschênes.

C’est d’ailleurs ce qui a motivé la modernisation de la gestion du barrage, a-t-il rappelé.

Les treize dernières années ont démontré que la cote 99 était difficilement atteignable en saison estivale, confient les représentants de la Municipalité. Cette année, plus particulièrement, le niveau du lac était à 30 pouces lors de la fonte complète des glaces le 21 mai dernier et il oscille depuis autour de 38,5 pouces, donc près de 10 pouces en deçà du niveau désiré.

« La pluie rehausse le niveau du lac d’environ 10 pouces. Ce printemps, il n’est tombé que 32 mm de pluie. Nous avons un déficit d’environ 100 mm en eau. Malgré notre gestion serrée du barrage, le lac est actuellement à 85 % de son niveau normal », a rappelé Alain Bélanger.

La Municipalité en est donc à souhaiter davantage de pluie afin de voir augmenter le niveau du lac, plutôt d’espérer que celui-ci ne baisse encore davantage.