Fondée en 1969 à La Pocatière, l’AMIE (l’Aide Médicale Internationale à l’Enfance) fête cette année ses 50 ans. Impliquée au sein du mouvement depuis le début des années 70 et toujours présidente honoraire de l’ONG, Madeleine Bélanger revient sur les principaux événements marquants qui ont jalonné l’histoire de l’organisation depuis sa fondation.
Marcel Roy et Pierre Richard sont ceux qui ont donné l’impulsion à ce qui allait devenir l’AMIE, il y a 50 ans. Sensibles aux tragédies vécues dans les pays du tiers-monde, ils sont à l’origine de la mise en place de ce réseau d’entraide composé de bénévoles québécois qui avaient pour objectifs d’offrir des soins médicaux d’urgence aux enfants réfugiés et affectés par la guerre et la pauvreté.
Lorsque Madeleine Bélanger a commencé à s’impliquer au sein du mouvement, vers 1973, la crise humanitaire en Asie du Sud-Est s’intensifiait. L’AMIE avait alors instauré un programme de parrainage pour ces enfants, qui s’est ensuite étendu à tous les pays sous-développés. « On n’était pas encore officiellement constitué. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose avec ça. J’ai rédigé la charte de l’organisation et je l’ai faite acceptée en novembre 1974. C’est ce qui a conduit à la création de l’AMIE proprement dite en 1975 », d’expliquer la présidente.
Les boat-people
Sous sa direction et celle de Marcel Roy et Thérèse Pelletier, l’AMIE multipliera les efforts durant ses premières années pour venir en aide aux victimes de la guerre au Vietnam et au Cambodge, toujours plus nombreux dans des camps de réfugiés en Thaïlande et aux Philippines.
En 1979, la crise des boat-people, ces migrants vietnamiens fuyant leur pays devenu communiste sur des embarcations de fortune, conduira l’AMIE à mettre en place un service d’accueil de réfugiés mineurs. « Ça n’existait pas avant. Je dirais que c’est une des opérations qui nous a le plus fait connaître », ajoute-t-elle.
D’ailleurs, elle se souvient avoir fait la tournée des paroisses de la région afin d’inciter des familles à accueillir des enfants. Au total, une centaine trouvera un nouveau foyer au Québec et en Ontario, grâce à l’AMIE. « Quelques familles de la région en ont accueilli chez eux. À Saint-Denis, une famille a pris sous son aile six enfants. », rappelle-t-elle. Son mari et elle ont aussi fait de même, en en accueillant trois.
« Les grosses ONG, elles avaient l’habitude de débarquer avec leurs équipes et de repartir une fois le projet terminé. Nous, notre philosophie était d’y aller avec les gens en place. » – Madeleine Bélanger
Divers projets
Durant ses 30 premières années d’opération, l’AMIE s’est développée grâce à la mobilisation de bénévoles, sans permanence. En contact avec différents missionnaires religieux installés dans plusieurs pays, l’AMIE était en mesure de cibler les besoins criants des communautés et intervenir sur de petits projets qui n’intéressaient pas les grosses ONG, comme sécuriser des puits, aider à la création de jardins communautaires, ou fournir des brouettes à des travailleurs agricoles.
Parfois, les projets étaient plus gros et consistaient en la construction de maternité, de cliniques médicales ou de campagnes de vaccination. « Les grosses ONG, elles avaient l’habitude de débarquer avec leurs équipes et de repartir une fois le projet terminé. Nous, notre philosophie était d’y aller avec les gens en place », de confier Madeleine Bélanger.
Aujourd’hui
Depuis 20 ans, l’AMIE fonctionne désormais avec une équipe de gestion permanente à partir de Québec, où le siège social y est installé depuis 2000. Malgré tout, l’AMIE demeure toujours enracinée dans la région auprès de familles et de bénévoles de longues dates.
L’ONG, qui avait jusqu’à 90 bénévoles à une certaine époque, maintient toujours son programme de parrainage et offre des stages en coopération internationale. Les projets, eux, sont un peu plus gros que par le passé, comme celui au Rwanda consacré aux femmes sidatiques afin qu’elles évitent de transmettre la maladie à leurs enfants.
Au chapitre des bénévoles, ceux-ci semblent se mobiliser de façon plus ponctuelle, emportant de leur sillon toute une communauté avec eux. « Ce qu’on voit régulièrement, c’est des groupes de gens qui reviennent d’un voyage dans un pays défavorisé et qu’ils veulent monter un projet pour venir en aide aux populations. Ils entrent en contact avec l’AMIE et nous les accompagnons dans leurs démarches. Ils réussissent ensuite à mobiliser leurs communautés respectives pour amasser des dons, comme ce fut le cas à Sudbury, Rimouski ou Magog, ces dernières années. C’est des mini-projets dans l’ensemble, mais qui nous ramènent à l’esprit d’origine de l’AMIE. C’est beau à voir », de conclure la présidente.