Les critères d’assurance-emploi ne sont plus adaptés au marché de l’emploi actuel et nuisent surtout aux travailleurs saisonniers, estiment les intervenants dans le domaine.
Après une pause pandémie, où la prestation d’urgence avait pris le relais, et ensuite un régime assoupli mis en place, le retour aux règles habituelles à la fin du mois de septembre fait craindre le pire pour plusieurs travailleurs saisonniers.
Durant la période de transition postpandémie, le nombre d’heures travaillées nécessaire pour avoir accès aux prestations durant la saison morte était de 420. Puis, le retour à la normale ramène la règle habituelle, soit un nombre d’heures basé sur le taux de chômage en vigueur dans chaque région.
Actuellement, dans la région, il faut avoir fait 700 heures de travail saisonnier cet été pour avoir accès à son chômage. Le taux de chômage était de 5,1 % à la fin novembre et il est actuellement de 4,7 %, des taux très bas attribuables aux raisons que l’on connaît.
« Ce sont les industries saisonnières qui en pâtissent, car qu’il y ait un taux de chômage haut ou bas, ça ne change rien pour l’industrie saisonnière », indique le coordonnateur d’Action chômage Kamouraska Olivier Gentil. En effet, la durée des semaines travaillées demeure la même en foresterie, en agriculture ou en tourisme, à titre d’exemple. « Plusieurs travailleurs saisonniers n’ont pas accès cette fois-ci à l’assurance-emploi. C’est inquiétant », ajoute-t-il.
Le nombre de semaines de prestations est aussi affecté, ce qui crée ce qu’on appelle le « trou noir ». Les travailleurs saisonniers d’ici ont accès à 14 semaines de chômage. « On pense par exemple en agriculture, souvent ça arrête en novembre maximum, quand ça gèle. Ça donne des prestations au mieux pour décembre, janvier, février. Ils ne peuvent pas recommencer en mars avec la météo qu’on a au Québec », déplore M. Gentil. Selon lui et plusieurs intervenants, la réforme est plus que nécessaire, car les modalités ont été créées dans un autre contexte.
Quant à la proposition faite aux travailleurs saisonniers d’occuper un autre emploi en saison morte, compte tenu du nombre élevé d’emplois disponibles, M. Gentil estime que ce serait « catastrophique » dans le régime actuel. En effet, il indiquait qu’il serait inscrit au dossier de l’employé le terme « départ volontaire » lorsqu’il quitterait son emploi de saison froide, ce qui aurait un impact majeur sur son accès à l’assurance-emploi. Comme les employés seraient pénalisés, cette façon de faire n’est pas répandue. « La réforme est vraiment nécessaire », conclut Olivier Gentil. Les intervenants sont en attente des grands changements attendus depuis plus de cinq ans.