À moins d’un miracle, l’avenir des Jardins du clocher se jouera dans les prochains jours. À la croisée des chemins, une fois de plus, pour des raisons essentiellement financières, une dernière tentative sera exercée par les administrateurs afin de dénouer l’impasse avec le locataire INNO-3B, et obtenir le feu vert de la Municipalité de Saint-Pacôme pour déménager dans l’église sa bibliothèque municipale.
Plusieurs croyaient que les déboires des Jardins du clocher tiraient à leur fin à la suite de l’élection d’un nouveau conseil d’administration en assemblée générale annuelle, l’été dernier, et d’une réorientation de la mission de l’organisme, incapable à ce moment d’honorer celle pour laquelle il avait été constitué. Plusieurs mois plus tard, le compte bancaire à sec, l’OBNL n’a pas d’autre choix que de lancer une forme d’ultimatum à son locataire, INNO-3B, avec qui les négociations de renouvellement du bail pour l’opération des tours de production de végétaux en milieu fermé traînent.
« Il y a du retard sur le loyer, de sorte que nous sommes incapables de payer nos frais fixes. Déjà, si on pouvait recouvrer ces sommes, on pourrait aller de l’avant avec nos projets », a indiqué le président, Robert Bérubé.
Les Jardins du clocher ont jusqu’au 31 mars pour investir une subvention de Développement économique Canada (DEC) pour les régions du Québec, une aide financière de 318 000 $.
Avec cet argent, l’organisme compte compléter la construction de salles de bain, d’un bureau, et d’une cuisine communautaire. Or, l’argent provenant de la subvention ne couvre que 75 % des coûts. Les Jardins du clocher doivent donc assumer les 25 % restants, mais ils n’en ont pas les moyens.
« Financièrement, nous sommes sur la corde raide. Les canaux de communication ont été rétablis avec notre locataire, et les négociations se poursuivent pour le renouvellement du bail. Le dénouement de tout cela va peser fort sur l’avenir des Jardins du clocher », a reconnu le président.
Selon Robert Bérubé, des discussions tenues à huis clos entre les membres du conseil d’administration, à l’exception de Martin Brault, administrateur aux Jardins du clocher et pdg d’INNO-3B, auraient contribué ces derniers mois à envenimer les rapports avec celui qui est également locataire de la sacristie avec ses tours de production de végétaux. Malgré la médiatisation de la situation, le président demeure persuadé que celle-ci trouvera un dénouement heureux. « Ça passe ou ça casse », a-t-il ajouté, précisant que l’OBNL disposait de leviers pour se faire payer, si la situation ne se résorbait pas avec son locataire.
INNO-3B répond
Par courriel, Martin Brault a souligné que le remplacement de six des sept administrateurs au conseil d’administration des Jardins du clocher depuis la dernière assemblée générale annuelle vient avec une vision fort différente concernant la mission de l’OBNL. « Ceci inquiète grandement INNO-3B qui vient de terminer d’investir des sommes importantes sur cinq ans dans un projet et un contexte de mission bien définie avec l’ensemble des partenaires et des bailleurs de fonds en début de projet », a-t-il déclaré.
Selon le pdg d’INNO-3B, les Jardins du clocher auraient une dette d’un peu moins de 100 000 $ envers son entreprise à la suite de travaux sur l’église, et cela, depuis environ cinq ans. Ceux-ci concerneraient le remplacement des paratonnerres, de l’excavation sur les fondations endommagées, des travaux sur les jubés, le retrait d’une cheminée dangereuse, l’installation de drains, et diverses autres interventions dans l’aménagement de la sacristie, en prévision de l’installation des tours de production de végétaux.
INNO-3B aurait donc choisi de payer son loyer par l’émission de notes de crédit, afin de faire réduire la dette des Jardins du clocher envers INNO-3B, jusqu’à ce qu’une entente de principe puisse être signée.
« Les notes de crédit seront émises, ou une transaction bancaire effectuée selon l’issue des discussions. Dans les deux cas, INNO-3B a l’intention d’honorer ses engagements comme il l’a toujours fait », a précisé Martin Brault, qui croit toujours à la possibilité de marier les intérêts d’une entreprise privée avec ceux de la collectivité à travers l’OBNL des Jardins du clocher.
La Municipalité interpellée
En parallèle, les Jardins du clocher ont approché la Municipalité de Saint-Pacôme afin de lui proposer de devenir locataire de l’église avec sa bibliothèque municipale, située actuellement dans un bâtiment du boulevard Bégin en bordure de la rivière Ouelle. La proposition du conseil d’administration est de louer une partie de la nef, qui serait aménagée de façon à répondre aux besoins de la bibliothèque, à même la subvention de DEC, et cela, au même prix que ce que la Municipalité débourse à l’heure actuelle pour le bâtiment dont elle est propriétaire.
« Encore là, il faut s’entendre avec INNO-3B concernant le paiement de son loyer », rappelle Robert Bérubé.
La prétention est la même en ce qui concerne la cuisine communautaire, située dans l’actuel Centre municipal, alors qu’on en prévoit une aussi aux Jardins du clocher. En déménageant le gym restant à la Station plein air, la Municipalité pourrait mettre ce bâtiment en vente, ou le convertir en logements sociaux, de suggérer Robert Bérubé. Ainsi, toutes les activités communautaires de Saint-Pacôme se trouveraient concentrées à l’église, et ces revenus de location supplémentaires permettraient aux Jardins du clocher d’avoir les coudées franches, ne serait-ce que pour la conservation et l’entretien de l’église.
« Nous avons proposé à la Municipalité de faire une étude de rentabilité de ces propositions sur la base des économies d’énergie anticipées. Il serait possible d’attacher une subvention pour mener à bien pareille évaluation », a poursuivi Robert Bérubé.
Interrogée par Le Placoteux, la mairesse de Saint-Pacôme Louise Chamberland a indiqué que le conseil municipal n’était pas fermé à la proposition avancée par les Jardins du clocher. Une rencontre a toutefois été commandée entre lui, les Jardins du clocher et INNO-3B, afin d’évaluer l’état des relations entre l’OBNL et son locataire actuel.
« Avant d’envisager les options en ce qui concerne l’avenir de nos bâtiments et de nos services à la population, il est important pour nous de connaître toutes les variables impliquées », a indiqué la mairesse. Cette rencontre est prévue le 22 janvier.